C'est ainsi que dimanche dernier, un deuxième avion ramenait des étrangers de 30 nationalités différentes de Wuhan, l'épicentre de l'épidémie du coronavirus. Après avoir atterri sur la base militaire française près de Marseille, ces personnes ont ensuite été conduites vers l'aéroport militaire de Melsbroek d'où les Belges et accompagnants ont été emmenés à l'hôpital militaire. Douze personnes étaient annoncées au départ, mais neuf finalement ont souhaité être rapatriées et mises en quarantaine à l'hôpital militaire. Une famille avec un enfant a décidé de rester sur place.
Les sept Belges et deux accompagnants ainsi qu'un Danois qui devait rejoindre le Danemark sont restés sous surveillance et ont passé des tests approfondis. Installés dans des chambres séparées en famille, le contact entre eux leur est malgré tout permis mais en gardant un masque par mesure de sécurité. " Les mesures prises sont peut-être un peu exagérées mais ce sont des précautions nécessaires ", a déclaré Maggie De Block. " Les personnes rapatriées ont déjà été contrôlées en Chine avant le vol et le risque qu'elles soient contaminées est donc faible. "
Pr Van Gucht, virologue au sein de Sciensano et président du comité scientifique pour le coronavirus : " Notre pays dispose de très bonnes procédures pour le dépistage et le traitement du coronavirus. Le risque que la maladie se propage en Belgique est donc très faible.
" Durant la quarantaine, on va prendre la température et la tension des personnes de manière permanente et des échantillons nasaux seront réalisés constamment. Si une personne est infectée, elle sera tout de suite emmenée à l'hôpital Saint-Pierre, qui est un des hôpitaux référents ", a-telle précisé.
Appel à la sérénité
Ne pas sombrer dans la panique et rester calme est le mot d'ordre, le discours se veut rassurant : " En Belgique, les gens ne doivent pas s'inquiéter car la chance d'attraper une grippe est plus importante que celle d'attraper le coronavirus", a déclaré le Pr Van Gucht, virologue au sein de Sciensano mais aussi président du comité scientifique pour le coronavirus. " Notre pays dispose de très bonnes procédures pour le dépistage et le traitement du coronavirus. Le risque que la maladie se propage en Belgique est donc très faible ", a-t-il ajouté. Et Maggie De Block de conclure : " Toutes les mesures de précautions ont été prises. Il faut rester calme et laisser les équipes médicales travailler. Le virus est sous contrôle. La panique est plus dangereuse. "
Un cas positif asymptomatique
Lundi soir, alors que des tests nasaux étaient analysés au laboratoire de la KULeuven, une infection au nouveau coronavirus a été détectée chez l'un d'entre eux, malgré qu'il soit asymptomatique. La personne a alors été transférée directement durant la nuit à l'hôpital Saint-Pierre, où elle a été prise en charge avec toute l'expertise et le soutien nécessaire, sous contrôle dans une chambre à pression négative avec un filtre purificateur d'air. Le personnel soignant hyper qualifié doit suivre des mesures de sécurité particulière telles que porter un masque, des lunettes, des gants et une combinaison jetables. Les huit autres personnes négatives, quant à elles, ont été informées de leur état de santé et poursuivent leur quarantaine à l'hôpital militaire qui suit des mesures de sécurité sanitaires similaires à celles de l'hôpital Saint-Pierre. Le Danois a été pris en charge et rapatrié dans son pays dans les jours suivants.
Mardi matin, lors d'une conférence de presse, Steven Van Gucht, annonçait que ce cas positif démontre que le protocole développé avait bien fonctionné. " Nous avons tenu compte en avance de la probabilité de ce scénario. Nous avons donc commencé à tester les personnes, et l'une d'entre elles était bien positive. Heureusement, elle a eu très peu de contact avec les autres personnes du groupe et il est donc très peu probable qu'elle ait contaminé les autres rapatriés. Pour le suivi de la quarantaine, nous allons poursuivre le protocole qui a été décidé au préalable. Les personnes qui sont encore à l'hôpital militaire seront testées régulièrement. Chaque jour, nous sommes de plus en plus sûrs que les autres personnes qui sont négatives le resteront et pourront quitter la quarantaine. " Et d'ajouter : " Le fait que le cas soit asymptomatique est une difficulté pour combattre le virus, mais c'est aussi positif dans le sens où cela montre que le virus peut être très léger."
À la KULeuven, les recherches se poursuivent pour comprendre ce virus. " On est en train d'isoler le virus (détecté chez le patient infecté) sur des cultures cellulaires ", a détaillé le Dr Marc Van Ranst, virologue à la KULeuven et chef de laboratoire qui effectue les tests. Le cas de contagion est en fait une opportunité pour la recherche car la souche du virus prélevée sur le patient permet de tester l'activité de certains médicaments contre le virus. En collaboration avec d'autres équipes du monde entier, la recherche s'active pour trouver un vaccin ou un traitement antiviral. Les séquences génomiques du virus ont été données à toutes les équipes du monde entier. Un véritable réseau de recherche s'active au niveau international.
Une propagation en Belgique est-elle possible ?
Une contamination, même si la probabilité est faible, n'est pas à exclure, explique Steve De Gucht. L'équipe est préparée pour recevoir un autre cas de contagion.
Actuellement, des transmissions de personne à personne sont observées, décrit Sciensano sur son site. Le mode de transmission est respiratoire. Même s'il n'y a pas lieu de s'inquiéter, il faut cependant rester en alerte. Le 2019-nCoV peut toujours apparaître en Belgique via un voyageur. Des contrôles ont lieu auprès des passagers qui partent depuis la Chine et un deuxième contrôle a lieu dans les grands aéroports d'Asie pour les voyageurs qui reviennent vers l'Europe. En réalité, la Belgique n'a jamais eu de vols directs vers Wuhan dont l'aéroport a été fermé depuis la crise.
Une estimation des risques potentiels pour notre pays est réalisée en permanence par les autorités sanitaires. Elles sont vigilantes et suivent de près la situation en Chine. Elles proposent si nécessaire des mesures à la ministre De Block et aux autorités. Le message du SPF Santé publique est clair : il n'est pas inévitable qu'un voyageur porteur du virus arrive en Belgique depuis la Chine mais le risque que la maladie continue à se propager en Belgique est très faible, car notre pays dispose de très bonnes procédures pour le dépistage et le traitement des coronavirus.
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