Le consortium regroupant Médecins du Monde, Médecins sans Frontières, le Samusocial et la Croix-Rouge de Belgique a décidé de mettre en place des équipes mobiles pour la vaccination des personnes sans-abri, des personnes migrantes et les personnes sans papiers "qui ne sont pas couvertes par les plans déployés jusqu'à ce jour et qui n'ont pas accès aux centres de vaccination habituels en raison de leur statut ou de leur situation sociale". Ils seront provisoirement vaccinés avec le Johnson&Johnson. Mais le consortium espère dans un avenir proche disposer d'autres vaccins préférablement unidose. 5.000 patients sont concernés.
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Le journal du Médecin: Jusqu'à quelle date cette campagne de vaccination va durer, selon vous? Combien va-t-elle coûter approximativement? Hanne Michiel, porte-parole de la Croix-Rouge de Belgique: La campagne de vaccination auprès des personnes sans-abri, personnes migrantes et les personnes sans-papiers qui ne sont pas couvertes par les plans déployés jusqu'à ce jour et n'ont pas accès aux centres de vaccination habituels en raison de leur statut ou de leur situation sociale a commencé mi-mai pour une période initiale de quatre mois. Cette campagne est financée par la Cocom (Commission communautaire commune - Parlement bruxellois). Approximativement combien de personnes vise cette campagne de vaccination? A-t-on des informations sur le profil de ces personnes (âge, sexe, nationalité, etc.) et leur comorbidité éventuelle? La campagne de vaccination vise initialement autour de 5.000 personnes. Il s'agit de personnes qui, en raison de leur statut administratif ou de leur situation sociale, sont particulièrement vulnérables. Elles vivent dans des structures d'hébergement formelles ou informelles, mais aussi dans des squats, par exemple. Ces groupes vulnérables ont beaucoup moins accès aux soins préventifs et aux soins médicaux. Dans ce public on trouve des personnes de tout âge, sexe, nationalité. Vous dites que vos équipes mobiles iront jusque dans des squats, dans certains cas... Comment vos équipes sont-elles accueillies? Y a-t-il dans ces populations une méfiance envers les vaccins? Tout comme le reste de la population, une partie de notre groupe cible est confrontée à la désinformation, à la peur du vaccin et de l'enregistrement associé, et à la méfiance envers le gouvernement en général. Il est primordial d'assurer qu'ils ont accès à des informations correctes et fiables pour prendre une décision éclaircie. Nos organisations (la Croix Rouge de Belgique, MSF, Médecins du Monde et Samusocial) sont investies auprès de ce public depuis longtemps, à travers nos actions de terrain à Bruxelles: des accueils de jours, des hébergements de nuit, des maraudes, des services médicaux, des centres de confinement, des services spécialisés au sein du Hub humanitaire, etc. Une équipe de sensibilisation se rend déjà depuis quelques semaines dans les lieux susmentionnés pour informer les personnes de l'importance de la vaccination, de son caractère volontaire, gratuit et anonyme. Au sein de l'équipe mobile de vaccination, la Croix Rouge emploie deux médiateurs interculturels, dont le rôle est essentiel pour engager le dialogue et garantir l'accès aux groupes cibles. Pourquoi l'infrastructure sanitaire traditionnelle ne prévoit pas de vacciner ces personnes? Comment votre initiative est-elle reçue auprès des différents ministres compétents? Les personnes ciblées n'ont en effet pas la possibilité de se faire vacciner dans un centre de vaccination traditionnelle, dont l'accès est conditionné par la détention d'un numéro de registre national. Nos associations demandent la mise en place rapide d'un accès inconditionnel aux centres de vaccination pour l'ensemble des publics vivant sur le territoire, indépendamment de leur statut administratif. Notre campagne est une étape importante pour garantir l'accès de la population sans-abri à la vaccination et contribuer ainsi à contenir la propagation du virus. Toutefois, il ne s'agit que d'une solution partielle pour le reste des personnes qui restent invisibles et difficiles à atteindre, en particulier les personnes sans-papiers, ou en migration dans notre pays, pour lesquels d'autres solutions doivent être mises en place. Vous parlez de l'utilisation du vaccin Johnson & Johnson en raison de son caractère unidose. Or la Conférence interministérielle Santé publique avait décidé le 26 mai de limiter ce vaccin aux plus de 41 ans en raison d'une patiente décédée de thrombose... Les organisations en charge de la campagne de vaccination mobile- le Samusocial, Médecins du Monde, MSF et la Croix-Rouge de Belgique - ont décidé de reprendre dès vendredi 28 mai la campagne de vaccination avec le vaccin Johnson & Johnson, dans la droite ligne des conclusions rendues par la conférence interministérielle Santé publique ce mercredi (le 26 mai, NDLR). Celle-ci préconise de maintenir l'utilisation de ce vaccin pour la vaccination de groupes précaires. L'administration d'un vaccin mono-dose présente en effet un avantage important et constitue l'alternative la plus efficace à ce jour pour ce public avec lequel il est difficile de maintenir une connexion stable faute de places en suffisance dans les centres d'hébergement. La décision de redémarrer la campagne de vaccination intervient parce qu'il n'existe à ce jour aucune autre alternative au vaccin Johnson & Johnson pour protéger du virus les nombreuses personnes sans papiers. Par son approche, notre équipe porte une attention particulière au consentement éclairé, et prend tout le temps nécessaire pour expliquer les risques et avantages lié à la vaccination pour que les personnes puissent prendre une décision informée. En fonction de la situation de chacun et de chacune, on explore de pistes alternatives s'ils ne souhaitent pas se faire vacciner avec le vaccin Johnson & Johnson. Et on continue à plaider pour la mise en place rapide d'un accès inconditionnel aux centres de vaccination pour l'ensemble des publics vivant sur le territoire, indépendamment de leur statut administratif, mais aussi de mettre à disposition de Mobivax d'autres vaccins que le J&J.