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A Renaix, dans le Pays des Collines, une belle demeure sise dans un parc magnifiquement arboré et décoré de parterres : une résidence d'été, la Villa des platanes, réalisée par Horta en 1899, à l'intention de monsieur Valère Carpentier, magnat du textile malgré son nom, qui l'avait conçu comme maison de " campagne " loin des usines. Une campagne pétulante autour, qui met plus encore en valeur cet écrin, dont la maison est la perle. Une habitation du début de carrière du grand Victor, lequel donne encore dans la sobriété, même si son art qui se veut total, en a même conçu les plans du jardin. A l'intérieur, peintures et boiseries ont été préservées, au contraire des sgraffites redécouverts et qui vont faire l'objet d'une restauration par les propriétaires actuels, Michel Gilbert et son épouse Olga : laquelle, de façon magistrale, a rénové les parterres qu'Horta avait conçus, que dominent nombre d'arbres remarquables et aussi âgés que la maison, jouant du rappel de la couleur de la brique et la pierre locales de la maison au travers des tons des plantes qui l'entourent. Souhaitant conférer une allure plus contemporaine au lieu, le couple a décidé de confier à Yolande De Bondtridder et Jennifer Plasman, le commissariat d'une expo qui mettrait, surtout dans le parc, en exergue des artistes contemporains belges ou étrangers vivants à Bruxelles. Une expo ludique, sorte de cache-cache entre sous-bois parterres et pelouses, qui trahit, de la part de la première commissaire, une préférence pour l'art minimaliste. Parmi les 15 artistes présentés, Tatiana Wolska qui, dans son art du recyclé, accroche une oeuvre aérienne faite de bouteilles de Badoit, ou redonne une vie organique à un stère de bois. Stijn Cole imite lui l'organique dans ses quatre pièces de bronzes, qui sont les exactes répliques des roches de Cancale, souvenir d'un périple breton ; Erwan Mahéo fait du mini-land art avec un monticule herbeux dont l'exacte figure inversée et tout aussi herbagée est creusé dans la terre d'une grande pelouse. Tinka Pittoors a quant à elle imaginé une oeuvre qui évoque les ronces, conçue spécialement pour s'intégrer entre habitation et parterre dans une sorte de camouflage, qui est aussi la marque de Marion Beernaerts lorsqu'elle intègre un fil d'or dans l'écorce centenaire d'un aubépinier. Elle n'est pas la seule à se suspendre aux branches : dans une oeuvre épurée, une corde, l'artiste Lucie Lanzini s'y glisse aussi. Une épure artistique au milieu de la pétulance de la nature. Nathalie de Mello insiste sur le côté ludique et camouflé du propos, avec des morceaux d'arc-en-ciel en métal irisé, sorte de structures de plaine de jeux vide, sur laquelle les enfants peuvent grimper. Ajoutant de la drôlerie à l'amusement, Gonçalo Barreiros intègre son tuyau d'arrosage... en métal dans le paysage de parterres dans une approche de l'art frisant la bédé. Respectant le lieu, l'exposition " toutes les lignes droites sont courbes " citation du maître belge de l'Art nouveau, ajoute à son chef-d'oeuvre d'art total quelques touches de contemporanéité sans agressions ni fautes de goût. Un tableau central accompagné de deux panneaux latéraux, avec la présentation d'une petite dizaine de jeunes artistes locaux sur les pelouses du centre culturel local, et la présence de deux autres installations dans la crypte de la cathédrale Saint-Hermès, la plus grande d'Europe (deux globes de Tinka Pittoors). Quant à la gare de la ville, il s'agit de la plus ancienne d'Europe continentale. Décidément,cette visite à Renaix fait sens...