L'Afrique est très dépendante des producteurs extérieurs concernant les médicaments et les produits médicaux. Le continent africain doit encore importer 99% de tous ses vaccins et 94% de médicaments et produits médicaux. L'Union africaine mais aussi l'Union européenne visent une plus grande autonomie de l'Afrique.
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"I l y a une grande inégalité que l'épidémie de Covid-19a mis en évidence à ce niveau là", avance Vincent Tihon expert santé à l'Agence belge de développement (Enabel) . "En tant qu'agence belge de développement (Enabel), on a un rôle à jouer pour diminuer cette inégalité et contribuer à un renforcement des pays pour qu'ils soient plus autonomes dans la fabrication de produits de qualité nécessaires au continent. L'Afrique n'est qu'à 2,5% de couverture vaccinale comparée à la Belgique qui elle est à 67%. Il y a un réel problème d'accès à ce vaccin en Afrique", ajoute l'expert. Une initiative européenne, la Team Europe initiative, se focalise d'ailleurs sur la production de médicaments, de produits médicaux et de vaccins. Cette initiative qui est en parallèle à celle de Covax, a mis en oeuvre un mécanisme spécifique de financement, qui propose un engagement allant jusqu'à un milliard d'euros, pour pouvoir aider les pays africains à être plus autonomes en termes de production de médicaments, de produits médicaux et de vaccins. Le continent africain à travers Africa CDC (Center Disease Control), qui gère la coordination médicale des pays africains, vise à ce que les pays africains puissent fabriquer jusqu'à 60% de leurs vaccins d'ici 2040. Des vaccins Covid mais aussi polio, tétanos, hépatite, et d'autres innovations telles que malaria et tuberculose (à développer). La Belgique s'aligne dans cette initiative et dans celle du désir africain d'être plus autonome. Trois pays ont d'ailleurs été identifiés comme prioritaires pour la production de vaccins: l'Afrique du Sud, le Sénégal et le Rwanda. L'Afrique du Sud a reçu un partenariat financier de BIO(1), le Sénégal, qui est le seul pays à produire un vaccin, celui de la fièvre jaune à l'institut Pasteur de Dakar, a été identifié comme un pays prioritaire dans la production du vaccin Covid, et enfin le Rwanda qui est déjà bien avancé (mais n'a pas encore de chaîne de production) va recevoir également une aide dans le processus d'autonomisation (agence de régulation et de qualité). Dans cette initiative, des partenariats multiples ont été créés entre la Belgique et le Sénégal. Au niveau du secteur privé, une entreprise wallonne, Univercells, a signé un accord avec l'institut Pasteur de Dakar pour accompagner la mise en place de la chaîne de production de vaccins. Le Sénégal vise la production de vaccins Covid-19 dès 2022. "C'est un objectif très ambitieux", ajoute-il, " mais ils ont mobilisé la Banque européenne dont ils ont reçu 5 millions d'euros, l'Allemagne qui a donné 20 millions d'euros, et la France avec 1,8 million. Ils cherchent 200 millions de dollars. Je pense qu'il y a une mobilisation tant politique que financière pour que ce projet réussisse, et ce projet va aller très vite. Ils ont déjà commencé les constructions pour faire cette chaîne de production spécifique pour le Covid. (2)"Le vaccin contre le Covid-19 est une raison d'être pour autonomiser l'Afrique pour que, de manière générale, elle produise ses propres vaccins ainsi que des médicaments de première nécessité. "Aujourd'hui, il y a un énorme besoin de vaccins contre le Covid sur le continent africain quand on voit la faible couverture. Mais il est possible que demain on doive produire d'autres vaccins. Et notre approche en tant qu'agence de développement, c'est de voir comment on peut aider des pays comme le Sénégal à être plus robustes pour que ce qui est produit par le secteur privé soit pertinent. C'est à dire, ne pas produire ce dont ils n'ont pas besoin et que ce produit ait un marché, avec une vision globale et régionale." Le renforcement de l'agence de régulation locale est l'autre point important sur lequel Enabel va se concentrer dans les mois à venir aussi bien au Rwanda qu'au Sénégal. " Il y a clairement un manque de contrôle de qualité des médicaments ou de produits fabriqués localement car il n'y a pas actuellement d'agence accréditée qui puisse faire l'enregistrement de médicaments nouveaux", explique l'expert . "Et donc, l'objectif d'Enabel, c'est de travailler en partenariat entre Sciensano et l'Agence fédérale des médicaments, et les agences naissantes de médicaments au Rwanda et au Sénégal. Nous espérons qu' ils atteignent des niveaux de maturités reconnus par l'OMS assez rapidement et qu'ils obtiennent un label de qualité international, leur permettant une mise sur le marché locale et régionale, rendant ainsi les produits vendables et exportables."