...

Un bookstagrameur est un instagrameur spécialisé dans le livre. Mais la passion de Sarah Bailleux commence bien avant l'émergence de ce réseau social. "Lorsque je suis rentrée à l'école primaire, je savais déjà lire. Une activité largement préférée aux jeux d'une cour de récré", explique cette fille d'institutrice, en se remémorant la lecture de son premier livre: Le petit prince de Saint-Exupéry. "Je termine mes études d'infirmière à Namur en 2011 et m'inscris en médecine cette même année", confie la jeune femme. Un cursus qu'elle terminera à l'UCL en 2018. Suite à cela, elle entame une spécialisation en médecine du travail. Un choix engendré lui-aussi par le livre: La jungle, le best-seller d'Upton Sinclair. Un ouvrage militant traitant des conditions de travail de migrants lituaniens dans l'Amérique capitaliste du début du 20e. Lorsque la plateforme, qui comptabilise un milliard d'utilisateurs, commence à se faire connaître, Sarah Bailleux entame sa première année de master. C'est à cette occasion que des connaissances l'invitent à partager sa passion sur Instagram. Un réseau d'influenceurs où la jeune femme comptabilise désormais près de 1.300 followers. "Durant mes études de médecine, je n'avais pas énormément de loisirs mis à part la lecture", explique le médecin. Contactée rapidement par des maisons d'édition, l'animatrice du compte ptitebibli refuse certains partenariats et tout particulièrement dans la littérature fantastique. Riche d'une bibliothèque de 1.000 ouvrages "dont 500 restent à lire", la jeune femme déclare acheter entre 20 à 25 livres chaque mois "au plus grand dam de son mari", avoue-t-elle avec humour. Tous les mois, elle reçoit "un à deux livres de maisons d'édition belges" et de rajouter: "J'ai en permanence un livre en poche. Si mon patient ne vient pas à une consultation, je me plonge dedans. Je lis partout et tout le temps, lorsque je me réveille, aux toilettes, avant de m'endormir. Même dans la file des caddies du Colruyt", reconnaît la passionnée qui a vécu le confinement "telle une aubaine". "Le degré d'influence que j'ai sur les personnes qui suivent 'Ptitebibli' est difficile à juger", admet volontiers le Dr Bailleux, qui compte également une page Facebook de quelques 100 fans. Parfois, elle reçoit des retours de confrères ou lors des salons d'instagrameurs auxquels elle participe. Des réunions mises à mal par la pandémie où elle a "découvert une super bonne amie et des passionnés de littérature comme moi". Pour le Dr Bailleux, Instagram est un moyen de communication - et non pas un but en soi - qui lui permet de partager cette passion pour le livre "papier". Un objet que l'on sent, retourne, touche et emporte avec soi. "Beaucoup de confrères ont cette passion débordante pour la littérature. Souvent en prenant la plume eux-mêmes avec brio", commente Sarah Bailleux. Et pour prendre pour exemple Irvin Yalom, psychiatre, l'auteur du Jardin d'Epicure ayant souvent traité de la culture et de la religion hébraïque dans ses nombreux ouvrages. Le MG Baptiste Beaulieu, quant à lui, interroge volontiers la médecine comme dans Alors Voilà, 1001 vies des urgences. Deux exemples parmi les nombreux portraits d'écrivains évoqués dans cette page éponyme. Au quotidien, la littérature permet à Sarah Bailleux de ne pas ressasser la maladie de ses patients et de se déconnecter totalement en rentrant dans un univers "tout à fait différent". Ne dit-on pas qu'un livre est un hôpital pour l'esprit?