Avant d'obtenir la présidence de l'Absym Bruxelles, Gilbert Bejjani a fait durant des années ses armes aux côtés des ténors du syndicat médical, entre autres, Jacques de Toeuf et Marc Moens. Il a développé des compétences et convictions fortes qu'il entend défendre en tant que représentant des médecins.
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Le Dr Bejjani plaide pour l'implication des médecins, et particulièrement des jeunes, dans la sphère professionnelle. " Il ne faut pas que chacun cherche sa petite solution personnelle. C'est une source de problème. Par exemple, lorsqu'un médecin quitte la pratique classique pour travailler dans d'autres voies qui lui permettent de mieux gagner sa vie, par exemple, en travaillant de façon uniquement extrahospitalière, cela fausse le débat sur la pénurie de médecins, qui est davantage une question de disponibilité. Idem pour les infirmières. Nombre d'entre-elles ont quitté l'hôpital. Sont-elles assez nombreuses ? On ne le sait pas. Il faut éviter le repli individualiste de survie. Les jeunes médecins doivent savoir qu'une organisation syndicale comme la nôtre permet de construire la médecine de leur avenir. "L'anesthésiste déclare soutenir les spécialistes hospitaliers et ambulatoires et les généralistes. Il promeut le maintien du lien générationnel. " Nous pouvons apprendre beaucoup de nos aînés qui ont souvent mené par le passé les mêmes combats que nous allons devoir mener. "Gilbert Bejjani prône aussi la collaboration avec les autres associations de médecins : le Groupement Belge des Spécialistes, la SSMG, les cercles de MG, les conseils médicaux... " Dans ces collaborations, il y a une forme d'intelligence collective qui peut nous mener plus loin. " Il promeut aussi la responsabilité pour mieux encadrer la liberté. " Globalement, je suis favorable à une certaine équité entre les différents médecins. Par exemple, les prélèvements hospitaliers sont discriminatoires s'ils ne sont pas justifiés par des frais réels. Les responsabilités et les avantages doivent être répartis correctement. "Pour le secrétaire général de l'Absym, les médecins doivent repenser leur défense. " Nous pouvons nous aligner avec les autres syndicats médicaux sur 90% des points que nous défendons. Pourquoi ne pas le faire ? Nous devons également nous rapprocher de notre base et mener des actions pour réduire la charge administrative qui pèse sur le dos des médecins. Nous devons aussi rajeunir nos représentants. Ce n'est pas un projet corporatiste, mais l'implication des médecins est fondamentale. Il n'y aura pas de médecine sans médecins. Les partenariats sont essentiels pour réussir la médecine intégrée, transmurale et centrée sur le patient. "La revalorisation du travail est un des chantiers que le Dr Bejjani veut poursuivre. " On ne peut pas accepter qu'un budget qui n'est pas utilisé ne soit pas transféré à des innovations. On ne peut pas accepter d'éviter la réflexion sur la nomenclature actuelle et sur la valeur réelle du travail presté. Les prélèvements sur les honoraires faussent le débat du financement des hôpitaux et des médecins. L'analyse approfondie que nous faisons actuellement de la nomenclature va montrer que le coût réel des actes est plus élevé que ce qui est demandé, dans la majeure partie des spécialités Cet effort se fait au prix de la santé des médecins, de leur famille, de leur bienêtre... Tout travail mérite salaire. Dans les nouvelles formes de rémunération, il faudra tenir compte de l'expertise, du risque, de la durée, de la disponibilité, de la personnalisation, du temps consacré à la prévention et à la promotion de la santé. Ceci cadrera mieux avec la réorganisation de la première ligne et des hôpitaux en réseau. "" Il faut prôner le " Value-Based Care " et mener la réflexion dans un climat de confiance. Je ne cesserai pas de défendre les honoraires des médecins, tant qu'un nouveau modèle n'a pas prouvé son efficacité ", déclare le Dr G Bejjani. " L'objectif final est de maintenir la qualité, autant que l'accessibilité sans tuer la solidarité créée au travers de la Sécurité Sociale. "Quant à l'informatique médicale, le président de l'Absym Bruxelles estime qu'il faut aligner les outils aux objectifs. " Il faut produire et traiter des informations qui sont utiles. "Le Dr Bejjani veut continuer à se battre contre le " bashing " des médecins. " Un médecin est un professionnel qui a suivi de longues études, qui se forme continuellement et essaie de s'améliorer. Il a prêté son serment d'Hippocrate pour soigner les gens. Il a le droit de gagner sa vie. L'irrespect envers les médecins dans la presse est quelque chose d'intolérable. "Cette bienveillance, il l'applique également aux autres acteurs des soins de santé. " Je ne suis pas opposé aux rôles de mutuelles. On peut discuter de leurs coûts et de leurs missions, mais on ne peut pas leur dénier les actions qu'elles mènent, entre autres pour obtenir un refinancement des soins de santé. Je me suis impliqué au sein de l'Association belge des directeurs d'hôpitaux pour mieux comprendre leurs contraintes. Ce qui n'empêche pas de s'opposer aux prélèvements excessifs sur les honoraires des médecins hospitaliers. J'encourage les directeurs d'hôpitaux à ne pas fuir devant la complexité du système pour parvenir tout de même à assurer la transformation des soins. Nous devons tous nous remettre en question. "L'anesthésiste est convaincu que les médecins doivent également pouvoir avoir un dialogue ouvert avec les patients sur leurs revenus, sur les manquements du système... " Nous devons être plus transparents et mieux communiquer vers l'opinion publique. Si nous sommes transparents, les autres acteurs devront suivre aussi. Les médecins ne peuvent être des victimes de la réforme et les patients pris en otage ".Pour finir, Gilbert Bejjani met en garde contre l'Uberisation des soins de santé. " Si nous ne voulons pas qu'un jour une application choisisse le médicament ou le traitement que le patient doit prendre, et que le point de contact du patient soit l'application avant le médecin ou le soignant, il faut que l'État et le corps médical soient particulièrement vigilants, aux risques de voir apparaître une médecine à deux vitesses et de réduire la qualité de nos soins de santé. "