La plateforme eHealth ne cesse de faire parler d'elle. Pas particulièrement en termes élogieux, il faut le dire. Après la réaction des médecins, des syndicats, de la SSMG, c'est désormais au tour du Collège de médecine générale (CMG) d'enfoncer le clou. Il demande un moratoire sur les évolutions et les contraintes informatiques tant que le système n'a pas atteint une fiabilité de 99,9%.
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Le CMG, qui fédère les organisations francophones représentatives de la médecine générale, a décidé d'adresser une lettre ouverte à la ministre. Son objectif ? Lui faire part de l'inquiétude engendrée par ces dysfonctionnements chez les professionnels de santé, de la démotivation et de la démobilisation qui frappent médecins et autres professionnels de santé, de la désorientation des patients face à tous ces changements. Le Collège de la médecine générale, soucieux et désireux d'une évolution positive d'un outil dont tous dépendent, demande donc une rencontre avec la ministre de la Santé et la mise en place d'un moratoire sur les évolutions et les contraintes informatiques tant que le système n'a pas atteint une fiabilité de 99,9%.Madame la ministre,Le Collège de médecine générale, regroupant la totalité des représentants de la médecine générale francophone, a constaté et vécu au travers de ses membres les dysfonctionnements récurrents du système eHealth belge et s'en inquiète.Comme vous le savez, la plateforme eHealth est le système névralgique qui, sous votre responsabilité, rend possible l'ensemble des services électroniques de santé dans notre pays. Les généralistes sont heureux de pouvoir disposer des services qui permettent la prescription, la facturation, la demande de remboursement de médicaments, etc. sous forme électronique. En effet, l'informatique permet de gagner du temps et de l'efficacité... quand elle fonctionne.Il nous faut cependant constater les pannes à répétitions du système. Certaines sont majeures, comme celle du lundi 27 janvier qui n'était pas la première du genre. Elles impactent le quotidien de médecins généralistes surmenés, de pharmaciens confrontés alors à des difficultés sans nom, de patients déboussolés devant les changements permanents, et d'autres professionnels de santé comme les dentistes ou le secteur infirmier.Vous avez déjà été alertée à plusieurs reprises sur ces difficultés sans pour autant que l'on puisse constater un réel changement sur le terrain. Au contraire, l'informatisation à marche forcée, obligatoire, du système de santé paraît avoir pris un tournant préoccupant. Le risque d'une déconnexion des soignants par rapport au système est important. Nous constatons d'ailleurs que des collègues généralistes quittent le métier à cause des contraintes que vous leur imposez sans pour autant que le système ne soit fiable. Un autre exemple est l'imposition d'un nouveau modèle d'ordonnance (lire en page 19) avec interdiction formelle d'adapter d'une quelconque manière les anciens modèles dont nous disposons de nombreux stocks. Cela engendre un gaspillage sans raison valable si ce n'est votre crainte de retarder l'informatisation que vous désirez (trop) rapide.Le Collège de médecine générale, soucieux et désireux d'une évolution positive d'un outil dont nous dépendons tous, vous demande dès lors avec insistance de rencontrer la profession et de mettre un moratoire sur les évolutions et les contraintes informatiques tant que le système n'est pas fiable à 99,9%.Après le temps de l'imposition et des contraintes, il nous semble sain d'y ajouter le temps de l'écoute bienveillante, de la confiance et de la collaboration. La qualité des soins procurés aux patients en dépend.Certain que vous partagez ses préoccupations, le Collège vous remercie de la suite rapide que vous voudrez bien donner à la présente et vous assure, madame la ministre, de sa parfaite considération.