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Au niveau mondial, les facteurs de risques environnementaux seraient responsables d'un quart des maladies non transmissibles, dont les cancers, les maladies cardiovasculaires et respiratoires, les troubles de la santé mentale et les maladies infectieuses. Or, on peut agir sur un certain nombre d'entre eux. Il y a 20 ans, la Belgique se dotait déjà d'un Plan d'action national environnement-santé, le NEHAP. La troisième version (2023-2029) a été approuvée le 8 janvier par les ministres en charge de l'environnement et de la santé, réunis au sein de la Conférence interministérielle mixte environnement-santé (CIMES), présidée par Zakia Khattabi, ministre fédérale de l'Environnement. La mise en oeuvre du NEHAP3 [1] passe par plusieurs projets internationaux et nationaux aux objectifs multiples: assurer une transition juste vers des systèmes de santé résilients, durables et à faibles émissions de carbone ; comprendre et gérer l'impact de l'ozone et des vagues de chaleur sur la santé (phases de vigilance, d'avertissement et d'alerte) ; surveiller les moustiques exotiques (tigres) via le projet MEMO+ (Monitoring of Exotic Mosquitoes) ; lutter contre les tiques ; évaluer les risques liés aux substances chimiques de nouvelle génération (projet PARC) ; appliquer le plan national perturbateurs endocriniens (NAPED) ; et, enfin, former les professionnels de la santé à l'impact de l'environnement sur la santé via des modules de formation en ligne et accrédités par l'Inami. Pourquoi un plan d'action national sur les perturbateurs endocriniens (PE)? L'actualité récente s'est chargée de répondre à cette question quand PFAS, broyeurs à métaux... sont venus rappeler les inquiétudes que font naître ces pollutions chimiques: effets de l'exposition chronique, à faible dose, cocktail, transgénérationnels... et l'urgence à protéger les populations vulnérables (femmes enceintes, enfants, ados, précaires...). "La réduction de l'exposition de la population et de l'environnement aux PE doit relever plusieurs défis: la lenteur des décisions prises à l'échelle européenne (identification substance par substance, or il faut 5 à 10 ans/substance, la pression des lobbies...), les différentes législations ne prennent pas en compte les PE de la même façon et il faut encourager la substitution saine des substances chimiques", précise Sandrine Jouan, toxicologue du SPF Santé publique et coordonnatrice du plan d'action national sur les perturbateurs endocriniens (NAPED). Adopté en 2022 et courant jusqu'en décembre 2026, le NAPED comprend trois axes: la prévention, les actions réglementaires et la recherche scientifique [2]. Les récentes pollutions (PFAS...) ont peut-être augmenté la prise de conscience dans la population, mais une enquête menée par les Mutualités libres en 2020 auprès de 1.000 Belges avait montré que près de la moitié d'entre eux n'avaient jamais entendu parler des PE, que trois quarts pensaient que les produits autorisés sur le marché belge ne contenaient pas de substances potentiellement dangereuses et que près de 60% ignoraient qu'ils peuvent avoir des conséquences sur la santé. D'où l'importance de mener des actions de prévention pour rattraper ce retard de connaissances. Certaines ont déjà eu lieu, comme la sensibilisation des autorités compétentes, des politiciens et des professionnels lors de conférences organisées par le SPF Santé et le SPF Emploi et Travail, lors d'auditions à la Chambre, au Parlement européen... D'autres sont en cours ou à venir (conférence sur les produits chimiques en avril à Bruxelles). L'effort se porte aussi sur la sensibilisation des consommateurs et des industriels. "L'année dernière, la Belgique a rejoint le projet européen AskREACH, ce qui nous a permis de lancer, en septembre 2023, l'application Scan4Chem qui identifie les substances extrêmement préoccupantes (SVHC). Le droit à l'information des consommateurs sur la présence des SVHC est garanti par l'article 33 de REACH, et les industriels sont encouragés à rendre disponibles les infos sur la composition de leurs produits. N'hésitez pas à scanner les articles et à envoyer des requêtes aux industriels pour les pousser à prendre conscience qu'il faut être très transparent sur la composition des produits. Ceci permettra aussi d'encourager la substitution des SVHC.""Cette année", souligne-t-elle, "plusieurs campagnes de sensibilisation sur les PE sont prévues, financées par le SPF Santé et les Régions. Elles cibleront en priorité les populations vulnérables. La première vise les femmes enceintes et celles en désir de grossesse. D'autres groupes suivront (enfants, ados...). Enfin, il y aura une révision des critères d'attribution de l'Ecolabel européen disponible pour 20 catégories de produits (cosmétiques, détergents, peintures, textiles, matelas, meubles...). La teneur en PE d'une substance a déjà été ajoutée dans les critères d'exclusion pour l'attribution de ce label pour les produits cosmétiques (2021) et les produits d'hygiène absorbants (2023)."Au rang des actions de prévention, des modules de formation e-learning en santé environnementale sont accessibles sur le site de l'Inami (onglet 'Médecine environnementale') [3]. À côté de celui sur les perturbateurs endocriniens, six autres sont proposés actuellement: radon, air extérieur (polluants atmosphériques), air intérieur (multi-expositions), moisissures, bruit et DOHaD (influence des premiers stades du développement sur la santé à long terme). Pour les autorités, le lancement de ce troisième Plan d'action national environnement-santé (NEHAP3) est une étape clé pour rendre la Belgique résiliente et durable.