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Située entre la capitale portugaise et l'Algarve, courant de l'Atlantique à la frontière espagnole, l'Alentejo est l'une des plus grandes régions du Portugal et pourtant la moins peuplée (500.000 habitants à peine). Dévolue essentiellement à l'agriculture, l'horticulture et l'élevage, elle compte parmi ses richesses terriennes des champs d'oliviers, de chênes-lièges - au milieu desquels paissent encore des troupeaux - la région revendiquant le titre de plus grande productrice mondiale de liège (même la Nasa l'utilise) et de bouchons, sans oublier la production de vins délicieux qui les accompagnent. Région peu prisée par les touristes étrangers, obnubilés par le soleil d'Algarve ou le rayonnement de Lisbonne, elle développe au fil des années un oenotourisme de plus en plus populaire. Capitale de l'Alentejo et du vin que l'on y produit, Evora est une ravissante cité de maisons blanches bordées d'un liseron jaune, signe entre autres d'urbanité et de noblesse. La cité, inscrite au patrimoine de l'UNESCO, s'enorgueillit de bâtiments prestigieux dont le palais royal voulu par Emmanuel du Portugal, qui s'installa un temps à Evora pour fuir la peste noire, lequel bâtiment trahit un style à la fois arabe et occidental qui lui valut le terme de manuélin. Il est, à l'image de l'ensemble de la vieille ville, posée sur un surplomb, dominant toute la campagne environnante et ourlée. A l'ouest, depuis les hauteurs de la cité, le regard se pose parfois sur des mégalithes, voire une dizaine d'enceintes mégalithiques, une centaine de menhirs et huit cents dolmens - dont celui de Zambujeiro est le plus imposant au monde -, attestant de la présence de l'homme depuis quelque 8.000 ans dans cette région fertile, parcourue autour d'Evora de trois cours d'eau que sont le Tage, le Sado et la Guadiana. Un lieu choisi par les Romains, fondateurs du premier noyau nucléaire de la ville, au milieu duquel trônent les restes et colonnes d'un temple. La ville, qui connut jusqu'à 42 monastères, les a pour la plupart "convertis" en bâtiments administratifs d'une simplicité élégante, à l'image du collège jésuite du Saint-Esprit, merveille cloîtrée sur deux étages, d'une élégance toute 17e, rehaussé de splendides azulejos et appartenant désormais à l'université. Ces édifices imposants ponctuent les rues et ruelles pavées aux simples maisons blanches et aux toits d'un rouge tendre. Au détour d'une de ces voies anciennes, surgit par exemple la cathédrale Notre-Dame d'Evora, mélange de roman et de gothique qui évoque en effet une petite Notre-Dame (de Paris), ou la place de Giraldo (du nom du vainqueur des musulmans en 1165), épicentre de la vie sociale de cette cité universitaire. Non loin du palais (transformé depuis août dernier en centre d'interprétation) et du marché couvert, la chapelle des ossements (qui accueille également un musée liturgique et de peinture consacrée à la nativité sans intérêt), issus du cimetière supprimé lors de la construction du bâtiment royal, voit les crânes et fémurs de 5.000 personnes constituer les murs et pilastres de l'édifice religieux. Un spectacle morbide introduit par cette citation placée au frontispice " nos os qui sont ici attendent les vôtres ". Raison de plus devant ce mémento mori en trois dimensions, de s'en aller flâner dans les rues à la découverte des innombrables lieux de dégustations que proposent les producteurs de vin de l'Alentejo. Monsaraz, qui accueillait l'an dernier la cinquième conférence consacrée à l'oenotourisme, est un village des confins d'Alentejo et du Portugal sis sur un promontoire qui domine la plaine environnante et l'Estrémadure espagnole, située en face du miroir d'eau que constitue la Guadiana converti en immense lac de retenue, l'Alqueva. Utilisant le rocher de schistes sur lequel elle est installée, cette petite implantation est occupée depuis longtemps par l'homme, de par sa situation stratégique: elle fut arabe à partir du 8e siècle, définitivement reconquise par les templiers au 13e. Un château, en ruines aujourd'hui, mais qui la surplombe toujours, fut construit, ainsi qu'une enceinte encore intacte au sein de laquelle les paysans de la région vinrent s'abriter à partir de cette période. Aujourd'hui, 40 personnes vivent encore à l'année dans ce joyau de l'héritage historique portugais: un lieu qui attire les touristes, mais qui, contrairement à l'Alberobello pugliese auquel l'on peut aisément comparer Monserraz pour sa lumineuse simplicité (les maisons sont toutes d'un blanc éclatant), a réussi à endiguer le tourisme intensif: on n'y trouve que quelques magasins qui proposent la céramique locale et les productions textiles en laine, héritage de la période mauresque. Au charme ravissant des ruelles piquetées de maisons modestes aux conduits de cheminées caractéristiques et très larges, répondent des vues de la campagne environnante que Monserraz domine de ses 254 mètres. Plus au sud de l'Alentejo, mais moins haut perché, Beja est également une cité blanche que domine son château, dont la forme actuelle date de la Reconquista: sa tour domine cette ville de 15.000 habitants et ces environs, dédiés notamment à la culture céréalière et agricole en général et celle plus récente des amandiers (dont la cueillette se fait au même moment que les vendanges). Cette ville en déshérence qui rappelle que l'Alentejo est une région pauvre, possède cependant un passé prestigieux qu'elle met en valeur notamment au travers de son musée flambant neuf "Rua do Sembrano" qui, mélangeant architecture contemporaine et passé, met en exergue l'histoire celte d'abord, romain, ensuite, wisigoth, arabe, médiévale et moderne enfin de la cité, en présentant notamment les ruines antiques de celle qui fut la capitale de la Lusitanie, dans une présentation spectaculaire dont un taureau phénicien en terre cuite est sans doute le point d'orgue. Beja fut également une ville de couvents, le posadas de baja est situé dans celui ancien des franciscains. Le musée régional Rainha D. Lhonor est quant à lui situé dans le couvent de Conceiçao s'ouvrant sur son église d'un baroque portugais des plus chargés et propose notamment une collection archéologique et picturale intéressante, avec notamment des toiles attribuées à Ribera. Mais le plus impressionnant reste le cloître et les salles adjacentes toutes décorées d'azulejos... décidément inévitables au Portugal.