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La guerre d'Espagne et son souvenir planent encore près d'un siècle plus tard sur la société espagnole. La preuve, la jeune auteure et dessinatrice Teresa Valero, qui comme toute famille, espagnole a subi ou bénéficié de la période franquiste, choisit de s'y plonger à nouveau. Mais, intelligemment, en évitant la période de la guerre elle-même, lui préférant celle figée de la période post deuxième Conflit mondial, où l"Espagne franquiste se révèle un monde figé et corseté, où les médias sujets à une censure aussi atroce que la répression, ne peuvent rendre compte que de bonnes nouvelles. Elle imagine les méfaits d'un tueur en série, auquel s'intéresse un vieux journaliste phalangiste revenu de tout, et un autre, jeune gauchiste espagnol mais qui a grandi en France, lequel choisit de revenir en Espagne. Un couple antinomique qui va finir par s'entendre et découvrir la complicité de certains médecins dans le redressement des bourgeoises ibères sujettes à des caractères déviants... Le dessin est d'un réalisme expressionniste, une sorte d'Otto Dix ibère, formidable et chaud, qui sert un découpage cinématographique remarquable qui évoque, dans l'intrigue policière et l'approche, les grands films noirs américains. Une intrigue qui est plus qu'un prétexte à la mise à nu de la société espagnole de l'époque, pourtant le sujet central et essentiel de cette fiction qui a le bon goût de se situer dans les pages noires de l'histoire européenne récente et dont Les enfants des autres n'est que le premier volume. Il est vrai que beaucoup de choses restent à dire... et à montrer sur cette période...