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Constellation australe forte de six membres, apparues voici dix ans, King Lizzard and The Lizard Wizard a l'ambition d'explorer à peu près tous les genres musicaux voire d'autres musiques à l'image de K.G, leur 16e album en dix ans, qui explore le registre microtonal. Le bassiste Lucas Skinner explique les origines et les ambitions de cet enthousiasme encore juvénile... Le journal du Médecin: 18 albums sur une décennie, dont cinq en une année... Auriez-vous pu faire plus? Lucas Skinner: Peut-être en fait. Il reste en tout cas pas mal de musique qui n'a pas été publiée au cours de nos dix années en tant que groupe. Récemment, nous avons sorti, uniquement sur notre bandcamp, 22 morceaux, démos de chansons, dont certaines ont ensuite été publiées. En 2017, nous avons sorti cinq albums: nous nous sommes vraiment dépassés, tant au niveau de l'inspiration que du travail. Le dernier disque a d'ailleurs été mastérisé quelques jours avant la fin de l'année. Depuis, nous avons trouvé un équilibre. Durant le confinement, nous avons beaucoup enregistré du fait de l'isolement, qui a déclenché une nouvelle vague d'inspiration. 2017 était une année spéciale, car nous nous étions mis au défi de faire cinq albums ; mais de toute façon, nous publierons toujours plus d'albums que la plupart des autres groupes. Vous pratiquez l'acid rock, la world, le garage-rock, le heavy metal, le rock psychédélique, le jazz, le blues... Quel type de musique échappe à votre boulimie? Difficile de répondre. Nous continuons à nous plonger dans tous les types de musique qui interagissent entre elles dans ce que nous faisons. Dans le cas de "K.G", notre dernier album de musique microtonale, laquelle est surtout orientale et utilise une gamme comportant des quarts de ton contrairement à une approche occidentale, certaines critiques ont affirmé que nous nous répétions, ayant déjà enregistré un album de ce type en 2017, intitulé Flying Microtonal Banana. Mais ce disque propose bien d'autres facettes: par exemple, Cavs, notre batteur, a écouté énormément de musique africaine, percutante, lourde, et toutes les percussions sur King sont influencées par les rythmes africains. Musicalement, les vétérans psychédéliques d'Hawkwind ont-ils été pour vous d'une grande inspiration? C'est sûr: ils ont d'ailleurs également enregistré énormément d'albums au cours d'une carrière qui court sur un demi-siècle. Leur première brassée d'albums sont incroyables et ont eu un impact important sur nous. Il y a quelques années, nous les avons vus en concert et franchement c'était... horrible. Ils étaient si éloignés de ce que nous imaginions, d'autant qu'il ne restait qu'un seul membre originel, pour un groupe qui a vu transiter plus de 60 musiciens. Mais un morceau comme Head On/Pill qui figure sur l'un de nos premiers albums, sorte de pièce tentaculaire de 15 minutes de jam, c'était nous découvrant Hawkwind! Y a-t-il un versant spécifiquement australien dans ce que vous faites? Oui, une référence au début des années 60, à des groupes comme les Easybeats, ou les Masters Apprentices, aux classiques également comme AC/DC, The Triffids, les Go-Betweens, et sans doute au punk et à la new wave de The Birthday Party et des Bad Seeds...Et nous adorons Midnight Oil, à la fois pour la musique et les textes d'une portée écologique. Vous avez fait des dons à une association charitable aborigène, et également au Wildlife Australia fondation. Preuve que vous êtes très impliqué par ce qui se passe dans votre pays? Effectivement. Il s'agit d'un sujet brûlant pour l'instant, sans mauvais jeu de mots. Le covid exacerbe les différences entre classes et catégories de la société, la division et la discrimination, et au cours de périodes de tensions telles que celle-ci, il faut faire preuve du soutien envers certains groupes de personnes, en particulier les Aborigènes. Nous sommes des privilégiés blancs, vivant sur des territoires volés: nous devons montrer du respect et payer le loyer! Le soutien au wildlife charities est venu en réaction aux incendies du bush, survenus au début de cette année: évidemment, beaucoup de personnes ont été déplacées, mais des millions d'animaux sont morts ou ont du quitter eux aussi leur habitat. Le fait de vivre "down under" signifie-t-il que vous êtes head over heels (cul par-dessus tête) au niveau musical? Parce que nous avons la tête à l'envers par rapport à vous? C'est vrai que nous avons toujours cherché à nous différencier. Dans les premiers temps, nous le faisions pour notre propre amusement, dans le but de nous distinguer. Mais nous n'aurions jamais imaginé rencontrer un tel succès. Mais faire les choses différemment fait partie de notre éthique. Musicalement, vous considérez-vous comme "attardés" ou en avance? Acoustiquement, une partie importante de notre musique se réfère au passé, au rock classique des années 60 et 70. Au départ, il s'agissait de notre marqueur sonique. Mais nous avons grandi, et regardons désormais vers l'avenir en termes de production musicale et de technologie. Le fait de faire de la musique en confinement a eu pour résultat de nous pousser à utiliser davantage d'éléments électroniques comme les drum-machines: ce qui parait plus futuriste... euh... mais ressemble plutôt aux années 80, lorsque tout le monde a commencé à utiliser les synthétiseurs et les drums machines. Par contre, au niveau des paroles, Stew propose des textes futuristes, voire apocalyptiques, en ce qui concerne le futur de notre planète et au-delà. Nous sommes branchés futur... quel qu'il soit.