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C'est un roman et ce n'en est pas un: l'histoire en fait, incroyable et effrayante, de la grand-mère de l'auteur, laquelle dans les années 30, fille de petite noblesse allemande, comme l'épouse de Karl Marx, suit son compagnon, Hans, communiste comme elle, dans le pays de l'avenir radieux: l'URSS. Sur base de documents, d'archives, de dossiers retrouvés dans les bureaux de l'ex-NKVD à Moscou, Eugen Ruge reconstitue l'épreuve atroce vécue par le couple dans la prison dorée de l'hôtel Metropol de Moscou durant plus d'un an et demi. Durant la seconde vague de procès staliniens, tous les membres de l'OMS, l'office de traduction du Komitern, s'y retrouvent, s'épient, s'évitent, figés dans une paranoïa glaçante et finissent par disparaître les uns après les autres... Récit sidérant de la période sans doute la plus terrible de l'ère soviétique, Le Métropol se veut un roman choral qui sonde les pensées de Charlotte bien sûr, mais également d'une collègue fusillée, Hilde, et du juge, lequel a de sa signature condamné plus de 30.000 personnes, souvent à mort. Le style alerte et sans fioriture décrit de façon très imagée le Moscou de ces années là mais aussi, les petites lâchetés, trahisons les courages des individus broyés par une machine et une machination stalinienne implacable. L'on pense évidemment au Zero et l'infini d'Arthur Koestler que le livre ne tente pas d'imiter, mais plutôt de prolonger.