...

L'auteur-narrateur est témoin d'un tsunami au Sri Lanka et confronté à ses premiers morts, en nombre. Mais le vrai tsunami dans sa vie c'est la mort de Juliette, la soeur de sa femme, qui décède d'un cancer. Son ami et collègue juge de paix Étienne réunit bien après l'enterrement les gens qui l'ont connue pour leur faire part de la vision de cette femme qui fut un juge extraordinaire. Ainsi confronté aux souvenirs de cet homme, le narrateur mène à force d'évocations et de ses propres souvenirs, une réflexion sur la façon dont la vie et la mort des autres transforment notre propre existence.Fameuse gageure pour Claude Enuset que de réussir à adapter d'abord, à mettre en scène ensuite un texte narratif, qu'il perçoit comme une oeuvre rare au théâtre, un hymne à la vie, en tout cas puisqu'elle parle d'empathie et de résilience sur une scène où il est souvent question de confrontation. Respectant la chronologie et bien sûr les ellipses temporelles nombreuses, il a choisi l'épure, n'utilisant qu'une musique originale et des projections vidéos, dans une sorte d'explorations du monde, d'un monde, celui d'Emmanuel Carrère en l'occurrence, dont le propos et l'expérience individuelle prend un caractère collectif voire universel.Au coeur de cette mise en scène d'une évidente simplicité, qui se concentre uniquement sur les rapports, humains, l'interprétation remarquable de Stéphanie Van Vyve et Xavier Campion (qui eux aussi ont été très touchés par ce récit) qui se partagent la partie narration, et le panel de personnages de ce récit polyphonique. Jonglant avec fluidité entre espace et temps, d'un personnage à l'autre, leur interprétation et la direction d'acteurs donnent corps à ce livre... qui avait déjà une âme.D'autres vies que la mienne, d'Emmanuel Carrère, jusqu'au 19 octobre à La Tricoterie de Saint-Gilles, du mercredi au samedi. Rue Théodore Verhaegen 158 à 1060 Bruxelles. Renseignements : reservation@tricoterie.be 02 537 96 69 www. tricoterie.be