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L'intelligence artificielle (IA) s'impose dans tous les débats. Aucun secteur n'y échappera. Cette révolution technologique a pris le monde de court, tant par son ampleur que par la vitesse à laquelle elle s'est insinuée dans toutes les strates de l'économie, de la science et de la santé. Les médecins ne seront ni plus ni moins impactés que d'autres professions. Et les mêmes interrogations surgissent: chaque avancée technologique apporte son lot de découvertes et d'améliorations, mais aussi son cortège d'angoisses existentielles. Sommes-nous face à une énième ruse de l'histoire, où chaque nouvelle invention semble menacer l'emploi, comme au temps des Canuts de Lyon brisant les métiers à tisser pour conjurer une menace illusoire? Va-t-on, au contraire, comme avec l'avènement d'Internet, du courrier électronique et de l'ordinateur personnel, créer plus d'emplois que l'on en détruira? Ou bien l'IA constitue-t-elle une véritable "singularité", une rupture sans précédent, plus profonde encore que l'invention de l'électricité? Trop souvent, nous appliquons des grilles de lecture dépassées à une révolution d'un tout autre ordre. On nous assure que les spécialités médicales nécessitant humanité et empathie, comme la psychiatrie ou la médecine générale, seront préservées, tandis que celles reposant sur l'analyse de données ou des actes redondants seront balayées. Mais ce raisonnement oublie un élément fondamental: tout acte technique implique, à un moment donné, une intervention humaine dans la chaîne de décision. Et si l'IA nous connaît si bien, qu'adviendra-t-il du psychiatre, souvent impuissant face au mal-être psychique, lorsque le patient pourra consulter une IA à toute heure du jour et de la nuit, sur son téléphone, pour 20 dollars par mois? Plutôt que de se rassurer en pensant être à l'abri, mieux vaut se préparer au pire.