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L'article dans De Standaard a - comme c'est souvent le cas dans les médias à cette période de l'année - relancé un débat important. Il s'agit de savoir comment rémunérer les médecins de manière correcte, transparente et socialement juste. Un constat récurrent dans ce débat est qu'il semble presque impossible d'obtenir une vue d'ensemble du revenu net disponible d'un médecin. Cela reste curieux pour un groupe professionnel qui est (presque exclusivement) payé avec des fonds publics. Le manque de clarté des informations disponibles conduit également à des conclusions hâtives: l'affirmation de De Standaard selon laquelle 10% des généralistes font enregistrer des remboursements de plus de 250.000 euros par l'Inami est probablement incorrecte. Il s'agit probablement de 5%. Les augmentations en 2021 et 2022 sont des artefacts conjoncturels causés par les remboursements liés au covid. Le débat sur les revenus des médecins soulève des questions importantes: par exemple, existe-t-il des raisons pour lesquelles un médecin généraliste ne pourrait pas gagner à peu près autant qu'un spécialiste? L'essentiel n'est-il pas qu'ils collaborent bien? L'objectif général est de garder les citoyens dans le meilleur état de santé possible et à ce titre, les généralistes - en ce qui concerne l'activité médicale - sont tout aussi importants que les spécialistes. En Norvège, les généralistes et les spécialistes comme les cardiologues sont employés et reçoivent une rémunération similaire. Car si un généraliste situé dans un village éloigné ou sur une île ne reconnaît pas les symptômes d'un infarctus aigu imminent et ne donne pas l'alerte, l'expertise du cardiologue, à l'hôpital dans un centre ville, ne sera alors d'aucune utilité. Chaque spécialité a sa propre complexité. Pour le généraliste, il s'agit de la reconnaissance précoce des symptômes de maladies graves ("à surveiller ou non"), de l'accompagnement à long terme des malades chroniques et de la responsabilité envers une population. Pour le chirurgien, il y a la complexité technique (lors d'une opération délicate), la complexité émotionnelle (un patient psychiatrique suicidaire) ou la complexité diagnostique (un généticien qui recherche une maladie rare). Une discipline doit-elle pour autant être rémunérée beaucoup plus que l'autre? Un gériatre, responsable de la qualité de vie d'une personne de plus de 80 ans souffrant de quatre ou cinq affections, est-il moins important? Le fait que les spécialistes étudient (un peu) plus longtemps ne signifie-t-il pas qu'ils doivent ensuite être plus généreusement rémunérés? Les généralistes et les spécialistes ont aujourd'hui un meilleur statut pendant leur formation et sont bien mieux payés et encadrés qu'autrefois. Ce statut peut encore être adapté, afin que plus tard, au cours de leur carrière active, il ne soit pas nécessaire de le "compenser". Heureusement, dans notre pays, la formation des spécialistes et des généralistes est financée par l'État. Ils n'ont donc pas besoin, comme aux États-Unis, de payer eux-mêmes des centaines de milliers de dollars pour leur formation (souvent via des prêts à long terme). Les ressources de la société étant limitées, il est défendable que les revenus des médecins le soient également. La "norme du Premier ministre" n'est peut-être pas le meilleur symbole, mais une forme de plafonnement est socialement défendable, couplée à une réduction des écarts de revenus entre les spécialités, d'un rapport de un à six ou huit (comme aujourd'hui) à un rapport de un à deux ou deux et demi (comme aux États-Unis, où le spécialiste le mieux rémunéré, l'orthopédiste, gagne 2,4 fois plus que le pédiatre, le moins rémunéré). Les travaux autour de la révision de la nomenclature devront, entre autres, veiller à réduire considérablement ces écarts de revenus si nous voulons rendre le système durable. Les médecins doivent avoir un bon revenu, mais ils n'ont pas besoin d'être super riches, à l'instar d'une poignée de footballeurs ou de P.-D. G. de multinationales (qui ne sont pas payés avec des fonds publics). Ce débat est également pertinent dans le cadre de l'augmentation des besoins de soins. Entre 2030 et 2060, les baby- boomers vieilliront et nous serons confrontés à une vague de vieillissement sans précédent, accompagnée de besoins de soins croissants. Enfin, de plus en plus de médecins choisiraient, de leur propre initiative, de travailler sous contrat. Les jeunes, en particulier, sont plus ouverts à cette idée. Il serait bon que tous les hôpitaux offrent cette possibilité aux jeunes spécialistes.