Au cours de sa longue carrière, Marc Moens aura été confronté à pas moins de 28 ministres. Jean-Luc Dehaene (CD&V) restera celui qui l'a le plus impressionné. Il a aussi apprécié Frank Vandenbroucke (sp.a) pour sa connaissance des dossiers
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Au vu de son palmarès, la nomination de Marc Moens au Prix du Spécialiste de l'Année du Artsenkrant n'est pas vraiment une surprise. Depuis 1988, il défend les médecins. Marc Moens a plongé dans le syndicalisme comme président de l'association professionnelle des biologistes cliniques. De 1990 à 2017, il a endossé la fonction plus large de secrétaire-général du GBS. Et pendant quatre mandats de trois ans, il a également présidé l'Absym, en alternance avec Jacques de Toeuf et Roland Lemye.En tant que médecin, Marc Moens a été 40 ans et 3 mois biologiste clinique/hématologue à l'Imeldaziekenhuis à Bonheiden. " Je faisais les ponctions et les biopsies toujours moi-même. J'expliquais bien les choses et je cadrais l'intervention. Il est important de bien communiquer. Mes relations avec les plus de 50 technologues de laboratoire et infirmiers, ainsi qu'avec mes six collègues, étaient aussi généralement bonnes. " Une petite PME entraîne beaucoup d'organisation, de politique du personnel et d'évolutions technologiques. " Vu mes nombreuses activités en dehors de l'hôpital, j'étais chef de service adjoint. J'ai toujours essayé d'estimer les gens correctement et à leur valeur. "Le Dr Moens a également recueilli le nombre de voix le plus élevé aux élections pour le Conseil médical. " Ici aussi, par manque de temps, je n'ai été pendant 15 ans 'que' vice-président. En tant que membre, je négociais avec le Conseil d'administration et la direction. " Le message à faire passer aux médecins n'était bien sûr pas toujours agréable. " Il arrivait parfois que nous devions démanteler une petite bombe atomique. Mais nous y parvenions, de façon constructive. "Du Conseil médical à la défense professionnelle, il n'y a qu'un pas. Au GBS aussi, la communication revêtait une grande importance. Marc Moens s'y attachait via ses célèbres rapports annuels, le journal du GBS, des communiqués et de vive voix. " J'essayais ainsi de convaincre les gens et de les avoir sur une seule ligne. En tant que (vice-)président de l'Absym, j'ai toujours bénéficié d'un grand soutien de Jacques de Toeuf. Nous formions un bon duo. Le fait que nous soyons toujours le plus grand syndicat est lié à la communication et à notre bonne réputation. " D'ailleurs, le Dr Moens se réjouit qu'au sein de l'Absym, dans un pays morcelé comme le nôtre, il puisse continuer à rassembler généralistes et spécialistes francophones et néerlandophones.Syndicaliste une fois, syndicaliste toujours. Le Dr Moens souligne qu'il continue à être en faveur du contingentement. " Au sein de l'Absym aussi, c'est ennuyant de communiquer à ce propos car on considère qu'il s'agit d'une position flamande. Pourtant, le 'primum movens' est la qualité. On ne peut former correctement qu'un nombre limité d'étudiants. Avec 1.000 étudiants en première année, comme c'est le cas en Belgique francophone, c'est impossible. Pour reprendre une boutade de médecine vétérinaire : 'Il y a trop peu d'animaux pour laisser faire de la rechercher à tous les vétérinaires...' "Pour le syndicaliste, la troïka examen d'entrée, numerus clausus et quotas demeure la meilleure solution. " Si l'on est déjà face à une pénurie, c'est lié au manque d'attractivité financière de certaines disciplines et à la semaine de 38 heures que veulent certains médecins. Autrefois, cela n'existait pas. La Commission de planification n'en tient d'ailleurs pas compte. " On voit chez Marc Moens que la mentalité de ces jeunes médecins l'irrite. " Je comprends que l'on tende à un bon équilibre vie professionnelle / vie privée, mais la médecine ne s'arrête jamais. Celui qui veut travailler 38 heures ou moins doit chercher un travail de bureau. Les services de garde et les heures de travail anormales sont inhérents à la profession de médecin. "Sur les 28 ministres que Marc Moens a " usés " durant toutes ces années, Jean-Luc Dehaene (CD&V) restera celui qui l'a le plus impressionné. Il a aussi apprécié Frank Vandenbroucke (sp.a) pour sa connaissance des dossiers. Hormis avec la ministre De Block (Open VLD) et Magda Aelvoet (Groen), le Dr Moens a toujours entretenu des relations conflictuelles avec les excellences socialistes." Le porte-monnaie de De Block reste beaucoup plus fermé qu'il ne l'était sous ses collègues socialistes. Durant cette législature, nous avons économisé un milliard. C'est énorme ! En tant que médecin/prestataire de soins libéral, le mieux serait de penser libéral, mais lorsqu'il s'agit de sous, mieux vaudrait voter socialiste... ", lance le Dr Moens en boutade, même s'il concède qu'il n'aurait jamais pu obtenir la co-gouvernance des médecins au sein des réseaux sous un ministre socialiste.Ce que l'on sait moins, c'est que le Dr Moens faisait aussi de la recherche scientifique appliquée. " Dans l'esprit d'Imelda, nous publiions régulièrement dans des revues étrangères. Récemment, en tant que président de la Commission biologie clinique au Conseil technique médical, je me suis aussi chargé du NIPT et du diagnostic moléculaire. Après les hôpitaux académiques, Imelda était d'ailleurs l'un des premiers hôpitaux à appliquer le NIPT. Notre labo a également été accrédité tôt. "Enfin, le Dr Moens jette encore un regard vers l'avenir. Dans toutes les (r)évolutions, le contact humain demeure essentiel à ses yeux. " L'impact de la robotisation, de l'informatisation et de l'IA dans le traitement des données est immense. Mais au final, c'est le médecin qui décide en concertation avec le patient la façon d'aborder sa maladie. "Et de souligner également l'énorme potentiel de la génétique moléculaire. " Une intervention relativement limitée dans les chromosomes permet par exemple de s'attaquer à la mucoviscidose. Une grande vigilance est toutefois de mise. Guérir et améliorer, oui. Mais il ne faut toutefois pas en arriver à des essais pour créer l'homme idéal. "