La deuxième conférence internationale "Culture & Santé mentale" aura lieu à Gand, au musée Dr Guislain, ces 28 et 29 novembre 2024. Elle aura pour thème le bien-être psychique des réfugiés
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Cette conférence vise à promouvoir l'apprentissage, la discussion et le débat autour des interventions culturelles visant à améliorer le bien-être des personnes en convalescence de problèmes de santé mentale ou de personnes en situation de vulnérabilité. L'objectif de cette édition est de soutenir le bien-être mental des personnes déplacées de force, par le biais de l'art et de la culture. Dans un rapport de 2022, l'UE et l'OMS appellent à soutenir le bien-être mental des personnes déplacées de force par l'art et la culture: "Les personnes déplacées en raison de catastrophes naturelles, de persécutions, de conflits, de violences généralisées ou de violations des droits de l'homme subissent invariablement des pertes importantes, des difficultés physiques et d'autres facteurs de stress qui peuvent entraîner une détresse psychologique. De nombreux exemples montrent à quel point les personnes déplacées de force apportent une contribution positive à la société. Ce potentiel peut être encore renforcé en s'assurant qu'ils sont en bonne santé physique et mentale." Par conséquent, selon ce rapport, il est important de soutenir les arts, car investir dans ce domaine est un investissement dans la santé mentale, physique et sociale des personnes réfugiées. La conférence vise à rassembler des personnes issues des secteurs public, universitaire et associatif afin qu'elles partagent leurs expériences, pratiques et visions quant à l'importance et l'impact des arts, de la lecture, du patrimoine et de la créativité sur l'amélioration de la santé mentale, du bien-être et de la résilience des déplacés. Le choix du musée Dr Guislain s'imposait: installé dans le plus ancien asile psychiatrique de Belgique (1857), entouré d'un hôpital psychiatrique, ce musée a pour objectif de briser les nombreux préjugés qui définissent encore ce qu'est la maladie mentale et ce qui est "normal". Le programme de conférences, riche et diversifié, couvre un large spectre, allant des projets de recherche aux études de cas, en Belgique, en Ukraine ou en Palestine notamment. Des films seront également projetés lors de la soirée d'ouverture (le 27/11), notamment des extrais de "Silence en mouvement", film qui suit Hewan, Sabir, Ram et Dawit, quatre personnes qui ont dû quitter leur pays natal. De janvier à mai 2024, elles ont oeuvré ensemble afin de décrire leur expérience individuelle de la perte. La caméra leur a fourni un cadre sûr et familier pour dépeindre une préoccupation commune et leur expérience personnelle de la guerre et de son impact. Le projet s'est déroulé au S.M.A.K. et au centre Fedasil de Gand, et a été supervisé par Maïté Baillieul, cinéaste et artiste, qui racontera comment le film peut être un soutien (thérapeutique) pour les personnes qui ont fui. Plusieurs types de workshops, couvrant diverses activités artistiques, seront proposés durant les deux jours. La musique sera l'une des formes d'art abordées, notamment dans l'atelier "The Scratch Band : comment la cocréation de chansons facilite l'égalité représentative pour les jeunes réfugiés" présenté par Tina Reynaert (université de Gand). Une discipline comme l'histoire sera également abordée au travers du projet 'Asylum' de l'université d'Utrecht, qui cherche à donner une voix aux problèmes de santé mentale des réfugiés dans le passé à travers une étude de cas de déplacés belges dans les asiles britanniques pendant la Première Guerre mondiale. "Comment une intervention d'art-thérapie cultive-t-elle la résilience des populations migrantes confrontées à des circonstances défavorables?" sera le thème la présentation de Natacha Pirotte, de l'association The Red Pencil. Sa contribution examinera le processus de changement tel que perçu par les réfugiés qui ont participé à une intervention d'art-thérapie visant à renforcer la résilience. Sofia Casas du HCR Agence des Nations unies pour les réfugiés mettra en lumière le projet pilote du HCR qui utilise les arts numériques pour améliorer la santé mentale, l'engagement communautaire et les liens entre les jeunes déplacés de force. Parmi les nombreux ateliers proposés, on trouve également une expérience qui mêle les récits inspirés de la vie des réfugiés et des migrants au pouvoir transformateur du théâtre social et documentaire: un aperçu unique du processus et de l'impact de l'utilisation du théâtre comme outil de changement social et d'intégration communautaire. "L'Atelier de peinture abstraite expressive pour l'atténuation des traumatismes collectifs" dirigé par Amani Ansari, de l'université du Vermont, se veut un échantillon pratique d'un atelier conçu pour les communautés qui ont collectivement subi des traumatismes de guerre, de destruction et de déplacement. Emma Daker, représentante de Shelanu: Women's Craft Collective, expliquera la mission de ce collectif de femmes migrantes et réfugiées qui travaillent avec Craftspace pour développer leurs compétences artisanales, leur confiance et leur bien-être grâce à un modèle d'entreprise sociale, démontrant comment les récits d'artisanat peuvent soutenir la santé mentale des femmes migrantes et réfugiées, au même titre que ArtEZ, projet de l'école des Arts d'Arnhem, lequel illustre que fabriquer, coudre et raccommoder permet de nourrir le bien-être en déplacement grâce à des pratiques textiles régénératives. Raccommoder et ne pas perdre le fil, tel est le but des quelques exemples de projets présentés au cours de ce symposium, et dont le but n'est certainement pas cousu de fil blanc...