Notre santé de demain sera numérique ou ne sera pas, cela ne fait aucun doute. Mais par quel chemin? Et que peuvent faire aujourd'hui les hôpitaux et les autres acteurs de la santé, confrontés comme ils sont aux pénuries de financement et de personnel?
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Une table ronde s'est tenue le 23 mai dernier à l'ambassade des États-Unis à Bruxelles sur le thème "Old ways won't open new doors. The digital future of care". Cet événement organisé par l'ambassadeur Michael M. Adler et la société américaine Becton Dickinson (BD) a accueilli la présence d'une cinquantaine de directeurs d'hôpitaux (universitaires) et de hauts fonctionnaires. Vincent Moncho Mas, directeur de l'information de l'hôpital de Dénia-Marina Salud à Alicante en Espagne, a été le premier à faire part de son expérience pratique. Cet hôpital a été construit en 2006 dans le cadre d'un partenariat public-privé. Tout papier y a d'emblée été banni. Selon Vincent Moncho Mas, le dossier médical électronique (DME) présente en effet nombre d'avantages. Il limite les erreurs de médication et la validation, la préparation et l'administration des médicaments sont numérisées au maximum. Les services hospitaliers étant équipés de boîtes de distribution automatique, les stocks ont été réduits de 41% et la consommation de médicaments de 20,9%. De plus, il faut 2,9 équivalents-temps plein de moins pour faire l'appoint en médicaments dans les services. Malheureusement, seul un nombre limité d'hôpitaux européens disposent d'un système de gestion numérique des stocks de médicaments, a observé George Valiotis, directeur exécutif de l'Association européenne de gestion des systèmes de santé (EHMA), se référant au livre blanc "European Collaborative Action on Medication Errors and Traceability" (ECAMET). 18% des hôpitaux utilisent des robots pour la gestion de leurs stocks ; 16% des services d'oncologie et un quart des services de soins intensifs sont équipés d'armoires de distribution automatique. George Valiotis a appelé l'action numérique à différents niveaux. La pharmacovigilance et de nouvelles stratégies et législations en matière pharmaceutique devraient apporter davantage de sécurité aux patients et d'évoquer la mise en place par l'Agence européenne des médicaments (EMA) d'une plateforme européenne de surveillance des pénuries (ESMP), grâce à laquelle le stock de médicaments critiques sera visible à partir de 2025. À partir de 2025 également, l'espace européen des données de santé favorisera la continuité des soins et fournira des preuves concrètes et des données en temps réel sur l'utilisation des médicaments. George Valiotis a également souligné le rôle pionnier de l'Allemagne et l'importance d'une action publique résolue. De nouvelles législations sur l'hôpital numérique de demain et la lutte contre les pénuries de médicaments ont notamment introduit un devoir d'information pour les pharmacies fournissant les hôpitaux et pour les pharmacies hospitalières concernant les goulets d'étranglement, présents ou imminents, dans l'approvisionnement en médicaments. Les informations sont transmises numériquement au Bundesinstitut für Arzneimittel und Medizinprodukte (BfArM), l'équivalent de notre Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS). Davide Visentin, vice-président des solutions de gestion des médicaments chez BD pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique (EMEA), s'est penché sur le rôle des entreprises dans la transformation de l'hôpital du futur: "Nous nous dirigeons vers un environnement de soins intégré, appuyé sur une technologie sophistiquée et facilité par les données", explique-t-il. "Nous avons déjà accompli beaucoup de progrès en matière de transformation numérique au cours de la dernière décennie, mais il reste de nombreux défis à relever du côté de la gestion des médicaments. Il faut dire que le processus est complexe: dans certains hôpitaux, il y a 50 étapes entre le moment où la pharmacie de l'hôpital livre un médicament et celui où il est administré."Le PDG de BD a évoqué les solutions de gestion connectée des médicaments de son entreprise, qui permettent une gestion en boucle fermée: le bon médicament est administré au bon patient au bon moment. "Nous pouvons connecter et intégrer l'ensemble des solutions. Une exploitation maximale des données permet de réduire les erreurs de médication, d'améliorer les processus et d'accroître l'efficacité. La vision et les solutions sont là. Pour les mettre en oeuvre, un partenariat entre l'industrie et les hôpitaux est essentiel", conclut Davide Vinsentin.