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Chacune d'elles, l'opium, le haschisch, la morphine, les amphétamines, la cocaïne, mais aussi les anesthésiants et solvants (sans oublier le café pour Balzac ! ), fait l'objet dans Ecrits stupéfiants d'une présentation historique et sociologique, suivie d'extraits d'oeuvres des illustres (pas tous) consommateurs. Dans le cas l'opium, Malraux, Segalen, de Quincey ou Baudelaire notamment s'en montrent très friands ; le dernier cité tâtant également de la morphine, rejoint par... Jules Verne ! Mais aussi Boulgakov voire les frères Daudet tout conservateurs qu'ils furent. Parmi les écrivains contemporains, Brett Easton Ellis, connu pour sa cocaïnomanie, ou plus étonnant - quoique, notre Amélie Nothomb nationale qui ne crache pas sur les substances psychédéliques, tandis que feu Henri Michaux observa sur lui-même les effets de la mescaline (également prisée par Ginsberg auteur de Howl notamment ou Hunter S. Thompson qui évoque beaucoup de drogues, mais pas celle-là dans Las Vegas Parano). Le crack a les faveurs d'un Will Self, que ne néglige pas, entre autres, Frédéric Beigbeder : dans les deux cas, on en mesure l'impact en les lisant..... Tous les textes extraits ne sont d'ailleurs pas tous bons, loin s'en faut. Mais l'auto-observation d'un Aldous Huxley ou d'un Sartre vaut notamment le " trip ". L'auteur d' Ecrits stupéfiants, qui a eu " le bon goût " d'à peu près tout essayer au cours de son existence, est loin de condamner dès lors l'usage de la drogue, débuté très tôt chez elle via l'éther. Cette fille de bonne famille qui a " fait " l'ENA lui accorde (pas à la haute école) des vertus créatives, en tout cas temporaires, même si elle a perdu en cours de déroute un frère et un cousin, à qui est dédié ce livre. Tout de même : prenons l'exemple de l'acide qui détruit la vie et la carrière de Syd Barrett, le bien nommé, leader de Pink Floyd. (voir All The Mad Men de Clinton Heylin ou de l'influence des substances sur les rockeurs anglais comme Bowie, les Who ou les Kinks). Ou pire l'état de somnolence et d'apathie dans laquelle plonge l'opium -qui se taille la part du space cake dans cette somme - ses consommateurs dépendants (voir le documentaire Century of Smoke chroniqué dans ces pages il y a quelques mois qui montre les ravages de la drogue sur un village de cultivateurs de pavots des confins du Laos). Ces réserves émises, ce volume aussi gros qu'un paquet de hasch se révèle passionnant. Car, plus que les écrivains, c'est la drogue dont ce livre est l'héroïne...