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Le 'paquebot' MontLégia, malgré son jeune âge, en a déjà traversé, des épreuves. Et ce, dès les prémices du projet en 2006 (décision de regrouper les trois hôpitaux historique du CHC sur un seul site, flambant neuf), rappelle, désormais en en souriant, Alain Javaux, directeur général du Groupe santé CHC. "Pouvoir accompagner ce magnifique projet de A à Z est une chance fabuleuse dans une carrière professionnelle", entame-t-il devant les cadres de l'hôpital, invités, il y a quelques jours, à célébrer le 5e anniversaire de la Clinique MontLégia, qui a désormais trouvé un joli rythme de croisière. "Nous avons connu notre lot de joies - nos difficultés et nos angoisses parfois -, de rires, de rencontres inoubliables. Si nous étions à Hollywood, je commencerais par la phrase: 'tout a démarré il y a bien longtemps, dans un pays pas loin du tout...' Je sais, pour les cinéphiles, ça ressemble un peu au début de Titanic..." Sauf que contrairement au paquebot de la White Star Line le 15 avril 1912, le MontLégia, lui, a survécu à tous les icebergs qu'il a croisés, sans jamais en heurter un seul au final. La collision fut pourtant proche, parfois. Notamment à cause de la crise sanitaire qui, politiquement, tint en suspens, jusqu'à la dernière minute, les ultimes transferts du titanesque déménagement en cours depuis de nombreuses semaines. Et Alain Javaux de remémorer les autres péripéties autour du chantier débuté en 2014, autant de coups de théâtre que les non-Liégeois ne peuvent sans doute connaître et qui font aujourd'hui sourire les différents acteurs alors impliqués: le compromis de vente fraîchement signé du terrain qui prit feu, au restaurant, en pleine célébration du moment, le sort des fameux 'crapauds calamites', espèce protégée, qui occupaient des mares sur le site du futur hôpital et qu'il fallut déplacer de l'autre côté de l'autoroute A602 vers une zone tout spécialement créée pour eux - "Un hôtel 5 étoiles, or je n'en ai toujours pas croisé un seul - quels ingrats!", rigole le directeur -, ou encore le nombre record de grues installées simultanément sur les hauteurs de la Cité ardente, entre autres pour enfoncer des milliers de pieux dont le raffut fâcha tant les riverains, privés de BBQ dans leur jardin au coeur de l'été, que la Ville déposa une injonction d'arrêt des travaux, ou enfin, au 2.000e pieu coulé, la découverte fortuite (et non dépourvue d'effroi) que le béton disparaissait sous terre, filant par une veine des anciennes galeries du charbonnage Patience et Beaujonc qui occupait jadis le site... Mais le MontLégia sera le seul hôpital à rester debout en cas de (nouveau) tremblement de terre à Liège. "Il pliera, mais ne rompra pas", assure Alain Javaux. Bien moins drôle, par contre: des menaces de mort, au moment de l'acquisition du terrain, ex-friche industrielle, qui entraînèrent une protection policière de certains membres de la direction du CHC pendant plusieurs semaines... Autres gageures, la construction d'entrées et sorties d'autoroute, ainsi que d'un pont, spécifiquement dédiés au futur hôpital, mais aussi du bâtiment des services administratifs de groupe (dit le 'SAG', 220 personnes) et de la crèche du personnel baptisée 'L'arrêt de puces' (72 places, 16 puéricultrices): "7.300 m2 en 492 jours calendrier, mais surtout 343 jours ouvrables, nous nous sommes coulés dans la peau de Carl Lewis pour engager ce sprint, c'est l'équivalent d'une pièce de 21 m2 complètement finalisée et équipée chaque jour et en partant de rien", illustre Alain Javaux. Et de conclure, en remerciant et saluant la ténacité du personnel tant soignant qu'administratif: "S'il n'y avait qu'une chose à retenir, c'est que nous sommes nombreux, ici, à avoir vécu une aventure humaine sans précédent et sans doute unique."Et Frédéric Carrier, désormais directeur de la Clinique qui a succédé à Isabelle François, qui fut aussi cheffe de projet et a supervisé tout le chantier, d'embrayer: "Cinq années de résilience, de solidarité et d'engagement, cinq années qui ont démarré par un défi immense, celui de déménager dans des conditions bien différentes de celles qui avaient été imaginées pendant toutes ces années, loin de nous laisser paralysés par la crise mondiale." Le déménagement avait été savamment orchestré, depuis un an et demi, par une "dream team" de Canadiens d'une société experte mondialement dans les transferts hospitaliers. Un plan quasi militaire et fort heureusement, car ces Canadiens furent rapatriés fissa par leur nation avant même l'ouverture de l'hôpital, pour cause d'avancée dramatique du virus en Europe... La pandémie a, évidemment, bloqué le fonctionnement normal dont aurait pu rêver le tout nouvel hôpital. Par ailleurs, les travailleurs, qui ne se connaissaient pas forcément puisqu'ils venaient de trois sites géographiques différents, se sont croisés masqués pendant plus d'un an, ne découvrant les visages des uns et des autres qu'au fil des déconfinements. "L'activité a augmenté exclusivement du côté médical d'abord, car la chirurgie était réservée aux urgences", rappelle Frédéric Carrier. "Ensuite, il y a eu la reprise de l'activité chirurgicale (...) Et bien sûr le quartier accouchement, qui n'est pas en reste, avec une activité - 3.400 accouchements en 2024 - qui nous maintient sur le podium des plus grosses maternités du pays", se réjouit le directeur du MontLégia. Les investissement n'ont eu de cesse de se poursuivre avec, par exemple, l'ouverture d'un centre de bien-être pour les patients onco (Espace+), la création d'un terrain multisports pour enfants et ados, au pied de l'hôpital, grâce à Justine Henin et sa Fondation, l'installation de 2.675 panneaux photovoltaïques sur le toit, ou encore l'inauguration du 'Centre de santé de l'adolescent', premier du genre en Belgique. Par ailleurs, le site accueille également le LégiaPark, parc d'activités dédié aux sciences de la vie que le Groupe santé CHC a contribué à créer, et avec lequel il développe des collaborations. Aux alentours de l'hôpital, des projets immobiliers résidentiels sont aussi en cours, dans un cadre de rénovation urbaine. Le MontLégia a déjà (ou seulement) cinq ans, mais il a le vent en poupe, et il peut se targuer, entre autres, de n'avoir aucun lit fermé sur ses 720 lits d'hospitalisation, notamment parce que pensé dès sa conception comme 'hôpital du futur' et toujours très attaché à ses valeurs humanistes, il est attractif pour le personnel - un fameux atout de nos jours. Il compte ainsi aujourd'hui près de 2.300 salariés et 820 médecins et autres prestataires de soins indépendants. Heureux anniversaire, le MontLégia!