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Plus "gros" ministre de la Vivaldi (les soins de santé et indemnités pèsent à eux seuls 50 milliards), le socialiste flamand Frank Vandenbroucke rempilerait-il dans une Vivaldi II le cas échéant? A-t-il des vues sur un poste de Commissaire européen en remplacement de Didier Reynders? Il se pourrait bien, au contraire, que "Il Professore" doive bientôt rendre son tablier. Définitivement. En tout cas, la N-VA a réclamé à grands cris sa démission suite à "l'affaire Medista". En quelques mots, cette PME qui s'était vu octroyer la distribution dans notre pays, notamment, des vaccins anti- covid 19, se les a vus retirer au profit d'une firme concurrente, Movianto, non sans avoir dû participer au préalable à la distribution de produits périmés. L'affaire a été tirée en épingle par le site d'investigation français Blast, sous la plume d'un journaliste belge qui a publié le pot aux roses début avril. Quelques jours plus tard, Blast mettait en lumière un même estompement de la norme dans l'attribution à Movianto du programme d'aide médicamenteuse à l'Ukraine, Rescue... C'est ici qu'on entre dans un roman de John Le Carré [2]: Medista a fait appel à une firme d'espionnage industriel, Black Cube, qui a réussi à "coincer" le directeur commercial de Movianto et une haute fonctionnaire du SPF Santé publique en grande conversation. La vidéo est disponible en ligne. Le dirigeant de Movianto confirme le rôle décisif joué par cette dame dans le succès de son entreprise... Presque le même jour, Frank Vandenbroucke était mis sur le grill en commission de la Santé de la Chambre à propos des résultats d'un audit sur l'affaire Medista qu'il avait lui-même commandé. La députée N-VA Kathleen Depoorter, qui a suivi l'affaire depuis le début, a réclamé une nouvelle fois la démission du ministre au prétexte qu'il ne pouvait ni lui ni son cabinet ignorer les agissements de la haute fonctionnaire, entre-temps sous le coup d'une procédure disciplinaire... Le ministre a plaidé non-coupable: il n'y a ni fraude ni volonté de nuire ; la fonctionnaire a agi de bonne foi et il a réclamé un audit dans la foulée. À quelques semaines des élections, la N-VA n'a pas obtenu la tête du ministre. Mais l'hyperactivité de Frank Vandenbroucke, couplée à une réputation de "génie caractériel" (on se souvient du pugilat en Kern qui l'opposa au ministre Van Quickenborne...) pourrait entamer ses chances de rempiler comme ministre des Affaires sociales et de la Santé publique dans une hypothétique Vivaldi II. Si l'on en croit les sondages, une Vivaldi II n'est mathématiquement pas possible. Mais une coalition N-VA-MR/Open-VLD/PS/Vooruit/CD&V/Les Engagés l'est bel et bien... Si d'aventure Frank envisageait de faire partie de la prochaine Commission européenne, il est fort peu probable qu'il passe les fourches caudines du Parlement européen avec les casseroles qu'il trimbale. Les plus âgés se souviennent que, jeune président du SP, Vandenbroucke avait prétendu avoir brûlé les millions des pots-de-vin autour des hélicoptères de l'affaire Agusta. "Frankie" a pourtant profondément réformé le système belge des soins de santé. Fidèle au credo "d'État social actif", il a notamment, dans une première vie, créé le Centre fédéral d'expertise des soins de santé (tentative réussie de Health Technology Assessment), fait voter la substitution médicamenteuse au profits des génériques ; dans sa seconde vie de ministre de la Santé, il a obtenu la vaccination par le pharmacien, poursuivi les réformes du financement hospitalier et de la nomenclature, un New Deal en médecine générale, l'interdiction des suppléments hospitaliers dans certains cas de figure, le tout au pas de course... qui fait qu'il a la réputation d'un homme qui ne transige pas et qui fait semblant d'écouter le secteur. C'est patent au niveau de l'art infirmier. Alors qu'on reproche à cet homme aux mille idées par jour l'absence de dialogue véritable, son intelligence hors du commun qui a toujours été sa grande force pourrait constituer demain sa plus grande faiblesse.