Recip-e avance depuis quelques années sur la dématérialisation des prescriptions électroniques. Dans un récent rapport d'activité, la plateforme aborde ses grands chantiers à venir. L'occasion de faire le point avec Katrien Thorré, directrice de Recip-e.
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Le journal du Médecin: Le rapport annuel 2022 de Recip-e parle des grands chantiers à venir, et notamment des prescriptions de renvoi. L'objectif, d'ici 2024, est-il de les numériser? Katrien Thorré: Nous travaillons sur deux voies. Effectivement, d'une part, il s'agit de numériser les renvois de prescriptions. D'autre part, il faut continuer le travail entamé sur les prescriptions pharmaceutiques. L'objectif est, à terme, de digitaliser toutes les prescriptions. Le travail sur les renvois de prescription est neuf. Nous collaborons via des groupes de travail avec l'Inami pour cerner les besoins des utilisateurs (prescriptions, patients et citoyens de manière générale). Nous nous occupons de la validation de la solution numérique, tandis que le développeur de logiciels Smals assure le développement technique. Ces collaborations permettent d'avoir un produit fini qui correspond aux besoins du terrain. Cette manière de fonctionner via des groupes de travail permet d'inclure les médecins... Effectivement. Nous sommes d'ailleurs tenus de respecter la représentation des soignants au sein des diverses commissions de l'Inami. L'analyse des besoins, étape préalable à la création d'un produit, nécessite des gens de terrain pour savoir ce qui fonctionne bien, ou moins bien, et permet aussi de récolter de très bonnes idées pour améliorer la situation. La digitalisation des prescriptions répond à un besoin exprimé par le terrain d'améliorer le flux de travail et le processus de communication entre prescripteurs, prestataires et patients. Quelle est la plus-value pour le médecin? Par exemple, le trio 'prescripteur - exécuteur de la prescription - patient' aura accès à la même base de données. Cela permet de savoir si la prescription est en cours d'exécution ou non, si le patient a démarré le traitement et, dans l'affirmative, à quelle date. La digitalisation améliore la collaboration entre toutes les parties car l'information est présente sans même qu'on ait besoin de la demander. Côté patient, elle améliore la sensibilisation et la communication, et, in fine, l'observance thérapeutique. Enfin, cela permet aux médecins d'avoir une connaissance plus avancée du dossier de leurs patients. L'autre grand chantier concerne les prescriptions pharmaceutiques. Quelles sont les prochaines étapes dans ce domaine? Fin de cette année, les médecins auront accès à toutes les prescriptions pharmaceutiques ouvertes concernant leurs patients. Même celles qu'eux-mêmes n'ont pas initiées. Par exemple, les prescriptions ouvertes par des spécialistes. La communication entre prestataires se voit améliorée, et on évite les prescriptions inutiles. Cela permet aussi d'avoir des informations sur ce qui a été prescrit si le patient a subi une hospitalisation. Finalement, le médecin s'y retrouve mieux dans un système où les informations ne sont pas toujours bien structurées. C'est un gain de temps. Concernant les prescriptions de renvoi, quelles sont les échéances? Il est d'abord prévu, d'ici novembre 2024, de dématérialiser les prescriptions de renvoi pour le secteur des professionnels de l'art infirmier à domicile. Cela représente 50% du volume des prescriptions de renvoi. Viendra ensuite une deuxième phase qui concerne huit à dix professions de santé. Cela se fera en deux temps, pour digérer la masse d'informations reçue des groupes de travail. Enfin, il y aura la biologie clinique, et les autres professions qui produisent moins de prescriptions de renvoi. Dès aujourd'hui, des tests sont menés auprès des patients. Est-ce que le produit sur lequel nous travaillons est vraiment ce qui leur est nécessaire? Ont-ils d'autres besoins? C'est maintenant qu'il faut réfléchir car le but est d'avoir un "produit" harmonisé avec les prescriptions pharmaceutiques. Il ne faut pas changer ce qui fonctionne déjà. Et il faut tenir compte des nuances de certaines prescriptions de soins. Elles ne contiennent pas toutes des produits pharmaceutiques. Il faut donc réfléchir à une standardisation de la prescription de renvoi, ce qui rendra le travail des médecins plus simple. En plus de tout cela, il est également nécessaire que la technique suive. La standardisation que nécessite la dématérialisation des prescriptions de renvoi, les nouveaux liens entre les prescriptions et la meilleure visibilité des prescriptions par les prestataires de soins...Tout cela requiert de grands changements techniques, qui ne sont pas de notre ressort. Vous êtes directrice de Recip-e depuis 2019, voyez-vous une évolution positive de la dématérialisation? Les médecins ont toujours été favorables à la dématérialisation car cela leur facilite la vie. Autre avantage pour eux: ils ont de nombreuses informations supplémentaires grâce à la digitalisation, nous en avons fait la démonstration ensemble. Les patients ont quant à eux désormais accès à une application où il peuvent consulter leurs prescriptions. Bref, nous sommes sur le bon chemin concernant la dématérialisation.