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La mise à jour de la liste des maladies à déclaration obligatoire (MDO) en Région bruxelloise apporte des changements significatifs visant à renforcer la surveillance des maladies transmissibles et à adapter les déclarations aux réalités épidémiologiques actuelles. Ces modifications concernent la suppression de certaines restrictions, la simplification de la lecture du tableau, ainsi que des ajustements spécifiques à certaines pathologies. Attention! À Bruxelles, depuis le 10 avril 2025, le médecin peut faire une notification de maladie infectieuse directement à partir du dossier médical informatisé, intégré dans son logiciel métier, avec l'eForm 'Déclaration d'une maladie infectieuse à déclaration obligatoire à Vivalis (Cocom)'. Cet eForm remplace l'actuel 'Matra'. Deux changements majeurs sont à noter. D'abord, la déclaration de certaines maladies "tropicales" se fait dorénavant sans distinction de contamination autochtone. Ainsi, le chikungunya, la dengue et le zika doivent désormais être déclarés même en cas de contamination hors Europe. L'obligation ne se limite plus aux cas autochtones. "L'objectif est, d'une part, de simplifier la lecture du tableau - deux colonnes au lieu de quatre - et, d'autre part, de se préparer aux épidémies liées aux arboviroses en pouvant contrôler le milieu dans lequel les personnes malades vivent, vu que le moustique est de plus en plus présent en Belgique", explique le Dr David Hercot, coordinateur de la cellule médecine préventive chez Vivalis. Ce changement a été décidé au niveau du Nehap, et devrait également être réalisé pour la Wallonie à terme. Aussi, on assiste à une simplification de la lecture du tableau. La colonne "dès qu'il y a deux cas ou plus, liés entre eux" est supprimée. Les maladies concernées sont désormais classées directement sous "dès suspicion" ou "dès confirmation". La colonne "dès diagnostic confirmé + contamination autochtone" est également supprimée, sauf pour le paludisme et le virus du Nil occidental qui restent à déclaration obligatoire dès confirmation, uniquement si acquis en zone non endémique. De rares différences subsistent entre la liste des MDO en Région bruxelloise et en Région wallonne. Notamment au niveau de l'influenza d'origine animale. "À Bruxelles nous avons voulu mettre l'emphase sur la grippe 'aviaire' - qui n'est plus seulement aviaire d'où le changement vers zoonotique - dès suspicion afin de pouvoir intervenir plus rapidement si une situation est détectée au niveau d'une personne au contact d'animaux", détaille le coordinateur. "Soit le diagnostic est déjà établi chez les animaux et il faut rapidement mettre en isolement la personne malade même si le diagnostic n'est pas établi chez l'homme, soit le diagnostic n'est pas encore fait au niveau des animaux et il faut rapidement évaluer la situation des animaux également. Ce qui est similaire à la liste en Flandre. Du reste, toute maladie à potentiel épidémique doit être déclarée, aussi bien en Wallonie qu'à Bruxelles."Bruxelles a également retiré de sa liste la syphilis congénitale. "Aucune action de santé publique n'est prise, ni pour prévenir cette maladie, ni pour protéger l'entourage du nouveau-né, et l'incidence de la syphilis est suffisamment basse actuellement", justifie le Dr Hercot. À l'inverse, Bruxelles a ajouté à sa liste différentes pathologies: - Candida auris:"il a été convenu de l'ajouter vu le risque d'installation de ce germe multirésistant importé d'Asie. Des actions doivent être prises dès le premier cas, contrairement aux autres MDO pour lesquelles la déclaration se fait à partir de deux cas liés", complète le médecin. - L'encéphalite à tique acquise en Belgique:"la liste bruxelloise est alignée avec la liste en Flandre. L'objectif est de monitorer l'émergence de cette maladie transmise par les tiques et liée au dérèglement climatique en vue d'évaluer si un vaccin doit être recommandé ou si des mesures de prévention doivent être prises dans certaines zones du pays."- La lèpre:"la surveillance de cette maladie permet de s'assurer que la lèpre ne circule pas en région bruxelloise. La maladie circule encore dans de nombreux pays et l'objectif est d'aboutir à son éradication. Comme il n'y a pas d'autre source d'information, la mention dans la liste des MDO permet de surveiller. Bruxelles étant une ville internationale avec énormément de migration, cela justifie une politique différente. Le dernier cas a été déclaré en 2020."- Les autres maladies mycobactériennes:"les mycobactéries atypiques peuvent contaminer certains milieux. Bien que rares, ces maladies peuvent nécessiter une enquête environnementale. Jusqu'en 2020, nous avions plusieurs dizaines de cas déclarés par an. Leur nombre a drastiquement chuté depuis."- La shigellose:"cette bactérie peut facilement causer une transmission en cas de problème d'hygiène."La déclaration de ces maladies est une obligation légale pour les professionnels de santé. Elle permet d'assurer une surveillance efficace des maladies transmissibles et de mettre en place des mesures adaptées pour protéger la population et limiter la propagation des infections. Tout médecin et tout responsable d'un laboratoire de biologie clinique a l'obligation légale de déclarer un cas avéré ou suspect de maladie transmissible dont il a connaissance.