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C'est pourtant dans une maison de type Renaissance superbement conservée (la demeure d'un ancien maître de forge et bourgmestre) qu'est installée depuis 12 ans à Bouvignes, la Maison du Patrimoine médiéval mosan. Cette "ville nouvelle", tout comme Poilvache sa voisine, est encore dominée par les ruines du château de Crevecoeur. Mise à sac par le roi de France Henri II en 1554, la cité, réhabilitée ensuite par Charles-Quint, connut sous son règne un artisanat prospère, celui des marteleurs de dinanderie faite de laiton, mélange de cuivre venu d'Allemagne (voir l'or des dinandiers sur le site) et d'étain (la calamine, le zinc qui donna son nom au village, venu du Limbourg et la province de Liège via Meuse comme le cuivre). Si elle consacre dans ses caves voûtées tout un volet à la fonderie, la poterie et l'artisanat des bords de Meuse (Andenne se spécialise dans la céramique des récipients) de manière très illustrée par des objets, des vidéos et des maquettes quant à l'histoire et au procédé (les creusets en ce qui concerne la fonderie par exemple), le musée propose en huit salles un panorama complet de la vie mosane au Moyen Âge. Revenant au rez-de-chaussée, après avoir découvert la manière de s'habiller à cette époque, l'on découvre le trajet de la Meuse entre Sedan et Maastricht, le rôle politique, économique et religieux (ils sont souvent sous la protection d'un saint) des ponts, l'importance des villes comme celles, nouvelles, et des faubourgs de Dinant que sont Poilvache et Bouvignes. Deux cités qui ont vu leur château détruit (comme Château-Thierry à Falmignoul ou Montaigle à Falaën), ce qui incite le musée à retracer au travers d'objets (armes, sceaux, manuscrits, maquettes, et reconstitution de Bernard Clarys) l'histoire des châteaux forts depuis la motte castrale au 10è siècle, jusqu'à la destruction par les premiers canons (le veuglaire, présent dans l'expo) de ces forteresses réputées imprenables. Multipliant et alternant résultats de fouilles, reconstitutions et moyens interactifs dont un audio guide très... parlant, le musée s'intéresse également à la vie des habitants de l'époque qu'ils soient des villes ou des campagnes, nobles, prélats, bourgeois, paysans ou soldats, dont la vie en haut ou bas de la ville est détaillée, sur les crêtes comme en bord de fleuve. Dans une des salles aux cheminées toujours magnifiquement conservées, le thème de la religion et surtout des rites funéraires, est évoqué de façon spectaculaire au travers de quatre tombes : mérovingienne, chevaleresque, de pleine terre et du gisant correspondant à des époques et des classes sociales. Bref, ce musée propose une plongée non pas dans la Meuse toute proche, mais dans un passé glorieux, dans ce qui se veut un récit... fleuve.