"Les interventions financières importantes des pouvoirs publics suite à la crise du Covid-19 ont permis au secteur hospitalier de garder la tête hors de l'eau tant en 2020 qu'en 2021 mais la marge de manoeuvre pour de nouvelles interventions publiques sera sans doute très limitée", préviennent les auteurs de l'étude Maha.
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Cette année, le rapport Maha (Model for Automatic Hospital Analyses), réalisé depuis une vingtaine d'années par la banque Belfius était encore plus attendu que les années précédentes. La crise actuelle - augmentation des coûts de l'énergie, des salaires et des matières premières - impacte fortement le secteur hospitalier. Pour évaluer la santé des hôpitaux généraux belges, les auteurs de l'étude Maha ont épluché leurs comptes 2021 et ont réalisé une enquête sur les premiers résultats du premier semestre 2022. L'année passée, le résultat courant pour l'ensemble des hôpitaux généraux belges s'élevait à 127 millions d'euros, soit 0,7% du chiffre d'affaires. 24 hôpitaux généraux (28% de l'ensemble des institutions) présentaient un déficit. 44 institutions auraient été dans le rouge (51%) si l'on n'avait pas tenu compte de l'aide fédérale dans le calcul du résultat courant. Selon les projections, l'ensemble du secteur hospitalier risque de présenter un résultat courant déficitaire en 2022. "Près d'un hôpital général sur trois est en déficit et les autres sont dans une situation très fragile", commente Dieter Goemaere, directeur hôpitaux généraux de Gibbis. "Depuis 2020, les autorités ont dégagé d'importants budgets notamment pour soutenir les hôpitaux pendant la crise Covid, renforcer l'offre en santé mentale à Bruxelles ou augmenter l'attractivité du métier de soignant. Ces efforts ont permis de faire face aux urgences et d'investir dans l'attractivité de la profession, mais pas d'améliorer structurellement la situation financière des hôpitaux." "L'étude Maha 2022 confirme la tendance de ces dernières années en ce qui concerne les comptes 2021 des hôpitaux. Elle prévoit une très nette dégradation pour 2022, plongeant l'ensemble du secteur dans le rouge. Ceci conduira inévitablement à des faillites d'hôpitaux et à une remise en cause (pour ceux qui subsisteront) de la capacité du secteur à investir dans le futur dans la qualité des soins et à répondre à leurs obligations en matière environnementale", avertit Yves Smeets, directeur général de Santhea. "La nouvelle analyse Maha confirme nos observations pour 2021 et la fragilité financière du secteur. Les avances fédérales ont été indispensables tant en 2020 que 2021. Elles ont joué un rôle vital d'amortisseur. Outre les crises sanitaire et globale actuelle, la pénurie de personnel a été et est toujours une préoccupation majeure des gestionnaires", réagit Christophe Happe, directeur général de la fédération Unessa. "Mais, comme l'ensemble de nos affiliés, les premières tendances de 2022 dégagées par Belfius nous inquiètent. Elles tendraient à confirmer le scénario noir que nous redoutions: potentiellement, un résultat courant négatif global pour l'ensemble du secteur au terme de cette année. Ainsi, les coûts de l'énergie supportés par les hôpitaux devraient augmenter de 61% minimum sur l'ensemble de cette année! Toutefois, sur base individuelle, certains hôpitaux pourraient s'en sortir mieux que d'autres." Unessa demande d'urgence l'examen de nouvelles pistes de mesures, prises en commun avec le secteur. "L'indexation des honoraires médicaux doit être beaucoup plus rapide. Ils contribuent, en effet, au financement des activités médicales hospitalières et à l'indexation des salaires du personnel associé qui ne peut attendre."