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Au coeur d'un Grand-Duché montagneux imaginaire... qui ressemble furieusement au Lichtenstein, dans le silence ouaté d'ennui qui enveloppe tel un nuage ce paradis fiscal où les montagnes d'argent blanchies, mais pas par la neige, sont camouflées par des institutions bancaires réfugiées dans de pittoresques chalets à pans de bois, la vie n'est pourtant pas aussi plate et transparente que le miroir d'eau du lac local. Un jeune réfugié illégal, Hossein, décroche une place chez un ancien grand reporter: il doit servir de matière au prochain ouvrage de ce dernier. Ghoûn tente lui de survivre par l'entremise de petits boulots avilissants, tandis que Samira, sur place depuis plusieurs années, fait des ménages, notamment dans la demeure familiale de cette businesswoman qu'est Sylvie. Laquelle entretien une liaison adultérine avec Jérôme, vieux thésard qui fait partie d'un groupe de gauchistes, préparant un ouvrage collectif à présenter à celui qu'ils croient être leur gourou Waizer, vieux sage en effet (Weiser en allemand) et bien trop sage que pour s'instaurer nouveau grand-duc de pacotille, il y en a déjà un, dans l'optique du grand soir qui tombe tôt ici en hiver, même pour l'alter-monde. Roman choral limpide, cohérent, à l'écriture fluide, le récit de notre compatriote Diane Meur est parfaitement maîtrisé: tel un oiseau de proie au regard acéré, elle voit et observe tout de ce petit monde, ce concentré d'humanité, reflétant une psychologie de personnages plus profonde que le lac d'Eponne. On pense au "Brandebourg" de Juli Zeh pour le côté virtuose sans lourdeur dans la description de ce théâtre humain: si ajoute de surcroît un humour malicieux et parfois ravageur. En effet, l'auteur atteint ici des sommets Diane Meur: Sous le ciel des hommes (Sabine Wespieser Editeur)