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Les inégalités devant les soins de santé recouvrent des notions étrangères à tout jugement de valeur: en gros, les citoyens-patients ne sont pas égaux devant la maladie en raison de leurs prédispositions génétiques. Il n'est pas simple d'y remédier. Le présent rapport du KCE, qui complète celui publié en 2019 sur les performances des soins de santé belges, s'attache plutôt au côté inéquitable (injuste) des soins de santé, c'est-à-dire les difficultés d'accès à notre système par manque de moyens financiers. Le KCE observe que malgré les garde-fous - maximum à facturer, Bénéficiaires de l'intervention majorée, interdiction des suppléments dans certains cas, tiers-payant -, encore 4% de la population belge consacre 40% de son budget aux soins de santé. Postposer les soins dentaires est un indice fort d'iniquité de même que le recours aux urgences. Le KCE a ainsi constaté que la proportion des personnes postposant un soin ou y renonçant bonnement et simplement a fortement augmenté ces dernières années: "Pour les soins médicaux (surtout spécialisés), elle est passée de 0,5% de la population adulte en 2008 à 2,3% en 2016. Pour les soins dentaires, elle est passée de 1,6% (2008) à 3,7% (2016). Cette situation est plus grave chez nous que dans nos pays voisins. Il est à noter que les ménages qui ont des revenus plus élevés doivent parfois aussi reporter des soins dentaires." Le KCE recommande également d'avoir une approche "Health in all policies" (OMS) à savoir d'identifier les iniquités en santé à la lumière des iniquités sociales en général dans une approche intersectorielle "où les politiques en matière de travail, d'éducation, de logement, de lutte contre la pauvreté et sociales se renforcent mutuellement".