Le nombre d'interruptions volontaires de grossesse (IVG) reste relativement stable en Belgique depuis plusieurs années. L'information des jeunes filles et l'accessibilité à une méthode de contraception pourraient diminuer le nombre d'IVG. Les gynécologues, les médecins généralistes et les plannings familiaux sont les principaux prescripteurs de contraception en Belgique. Plusieurs études insistent sur la nécessité d'inclure le médecin généraliste dans la contraception afin de diminuer le taux d'IVG. Dans les faits, nous, médecins généralistes de la maison médicale du Centre de Santé de l'Ourthe (CSO), n'avons pourtant que très peu de demandes d'initiations de pilule contraceptive. C'est cette constatation qui m'a amenée à réaliser une étude sur le sujet. Pourquoi avons-nous si peu de demandes de la part des jeunes patientes du centre pour une initiation de pilule contraceptive? Ont-elles toutes recours à des gynécologues? Au planning familial? A d'autres médecins généralistes? Après m'être renseignée dans la littérature, je me suis rendu compte qu'il existait très peu d'études sur le sujet. L'objectif de mon travail était de tenter de déterminer les facteurs influençant les jeunes patientes du CSO dans leur choix du prestataire de soins pour leur première prescription de pilule contraceptive, et ainsi de trouver des pistes pour améliorer la place du médecin généraliste dans ce domaine.

Méthodologie

Une étude qualitative par entretiens individuels semi-dirigés a été réalisée auprès de dix patientes du CSO entre juin et juillet 2021.

Résultats

La plupart des participantes ont évoqué une visée contraceptive au démarrage de la pilule contraceptive et plusieurs d'entre-elles ont décrit un certain degré d'urgence à se fournir celle-ci. Parmi celles dont le démarrage de la pilule avait une visée contraceptive, plusieurs d'entre elles m'ont rapporté avoir déjà eu leur premier rapport sexuel avant le démarrage de celle-ci. Certaines ont dû avoir recours à une contraceptive d'urgence, voir même à un avortement pour l'une d'entre elles, en raison de rapports non protégés avant le démarrage d'une contraception. Comme je le supposais au départ, les participantes interrogées se sont majoritairement tournées vers le gynécologue pour l'initiation de leur contraception. Une seule d'entre elle s'est tournée vers un médecin généraliste et une vers un planning familial. Elles n'évoquent pas de raisons particulières à cela. La plupart ont simplement suivi les conseils de leurs proches (en particulier leur maman) ou n'étaient pas au courant de la possibilité de s'adresser au médecin généraliste. En effet, toutes les jeunes filles interrogées ont cité le gynécologue comme prescripteur de pilule contraceptive alors qu'une minorité d'entre elles seulement ont évoqué le médecin généraliste ou le planning familial. La crainte d'un examen gynécologique de la part de leur médecin généraliste semble également être un frein pour quelques patientes, qui expriment globalement un degré de stress supérieur à l'idée de cet examen comparé à celui effectué par un gynécologue. Les jeunes filles reconnaissent certains avantages au médecin généraliste dans ce domaine, notamment la plus grande facilité d'accès (prix et délai de rendez-vous) et la relation privilégiée entre un généraliste et ses patients.

Conclusions et perspectives

Les participantes sont dans l'ensemble ouvertes à l'idée d'inclure le médecin généraliste dans l'initiation de leur contraception. Le frein principal au recours à celui-ci semble être l'ignorance des patientes à ce sujet. L'information des patientes sur l'existence du secret médical ainsi que sur la place que peut tenir le médecin généraliste semble être la principale piste à explorer pour augmenter le recours des adolescentes à celui-ci dans le domaine de la contraception. Il semble également important de les informer sur le déroulement de la consultation dédiée à cela et notamment l'absence d'intérêt d'un examen gynécologique pour une consultation d'initiation.

Titre complet: "La place du médecin généraliste dans l'initiation d'un traitement par pilule contraceptive: Avis des jeunes patientes du Centre de Santé de l'Ourthe"

Auteur: Dr Marie Lebeau (ULiège)

Promoteur: André Crismer

Tutrice: Corine Boüüaert

Master de spécialisation en médecine générale

Année académique 2020-2021

Le nombre d'interruptions volontaires de grossesse (IVG) reste relativement stable en Belgique depuis plusieurs années. L'information des jeunes filles et l'accessibilité à une méthode de contraception pourraient diminuer le nombre d'IVG. Les gynécologues, les médecins généralistes et les plannings familiaux sont les principaux prescripteurs de contraception en Belgique. Plusieurs études insistent sur la nécessité d'inclure le médecin généraliste dans la contraception afin de diminuer le taux d'IVG. Dans les faits, nous, médecins généralistes de la maison médicale du Centre de Santé de l'Ourthe (CSO), n'avons pourtant que très peu de demandes d'initiations de pilule contraceptive. C'est cette constatation qui m'a amenée à réaliser une étude sur le sujet. Pourquoi avons-nous si peu de demandes de la part des jeunes patientes du centre pour une initiation de pilule contraceptive? Ont-elles toutes recours à des gynécologues? Au planning familial? A d'autres médecins généralistes? Après m'être renseignée dans la littérature, je me suis rendu compte qu'il existait très peu d'études sur le sujet. L'objectif de mon travail était de tenter de déterminer les facteurs influençant les jeunes patientes du CSO dans leur choix du prestataire de soins pour leur première prescription de pilule contraceptive, et ainsi de trouver des pistes pour améliorer la place du médecin généraliste dans ce domaine. Une étude qualitative par entretiens individuels semi-dirigés a été réalisée auprès de dix patientes du CSO entre juin et juillet 2021. La plupart des participantes ont évoqué une visée contraceptive au démarrage de la pilule contraceptive et plusieurs d'entre-elles ont décrit un certain degré d'urgence à se fournir celle-ci. Parmi celles dont le démarrage de la pilule avait une visée contraceptive, plusieurs d'entre elles m'ont rapporté avoir déjà eu leur premier rapport sexuel avant le démarrage de celle-ci. Certaines ont dû avoir recours à une contraceptive d'urgence, voir même à un avortement pour l'une d'entre elles, en raison de rapports non protégés avant le démarrage d'une contraception. Comme je le supposais au départ, les participantes interrogées se sont majoritairement tournées vers le gynécologue pour l'initiation de leur contraception. Une seule d'entre elle s'est tournée vers un médecin généraliste et une vers un planning familial. Elles n'évoquent pas de raisons particulières à cela. La plupart ont simplement suivi les conseils de leurs proches (en particulier leur maman) ou n'étaient pas au courant de la possibilité de s'adresser au médecin généraliste. En effet, toutes les jeunes filles interrogées ont cité le gynécologue comme prescripteur de pilule contraceptive alors qu'une minorité d'entre elles seulement ont évoqué le médecin généraliste ou le planning familial. La crainte d'un examen gynécologique de la part de leur médecin généraliste semble également être un frein pour quelques patientes, qui expriment globalement un degré de stress supérieur à l'idée de cet examen comparé à celui effectué par un gynécologue. Les jeunes filles reconnaissent certains avantages au médecin généraliste dans ce domaine, notamment la plus grande facilité d'accès (prix et délai de rendez-vous) et la relation privilégiée entre un généraliste et ses patients. Les participantes sont dans l'ensemble ouvertes à l'idée d'inclure le médecin généraliste dans l'initiation de leur contraception. Le frein principal au recours à celui-ci semble être l'ignorance des patientes à ce sujet. L'information des patientes sur l'existence du secret médical ainsi que sur la place que peut tenir le médecin généraliste semble être la principale piste à explorer pour augmenter le recours des adolescentes à celui-ci dans le domaine de la contraception. Il semble également important de les informer sur le déroulement de la consultation dédiée à cela et notamment l'absence d'intérêt d'un examen gynécologique pour une consultation d'initiation.