Quoique je m'efforce de rester informée au jour le jour de l'actualité médicale qui me concerne, ce n'est que récemment que j'ai découvert (grâce à Twitter! ) que la pose d'un DIU hormonal ne peut plus être portée en compte au cabinet de médecine générale ou de gynécologie...
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Si le code de nomenclature 149030 peut encore être introduit au moment du décompte, sa valeur a en effet été ramenée à 0 euro depuis le 1er mars 2022 - une décision que le ministre Frank Vandenbroucke justifie par le fait qu'il s'agit "d'une procédure relativement simple à réaliser qui fait partie intégrante de la consultation". Le raisonnement me semble tout de même un peu court, et ce pour plusieurs raisons. Il y a tout d'abord l'aspect pratico-pratique, puisque le placement d'un dispositif intra-utérin nécessite du matériel spécialisé, qui doit évidemment être acheté et soigneusement stérilisé après chaque utilisation. En d'autres termes, cet acte induit donc des frais qui viennent se surajouter au coût de la consultation elle-même. Ensuite, des considérations humaines et communicationnelles entrent également en ligne de compte. Si l'on peut à la rigueur considérer le placement du dispositif proprement dit comme une procédure simple, rappelons tout de même qu'un certain nombre de médecins ne veulent pas s'y risquer. Réaliser cet acte est en effet beaucoup moins simple chez une vraie patiente que sur un modèle en plastique et nécessite une bonne dose de communication. J'ose espérer que mes collègues prennent le temps d'informer leurs patientes à chaque geste qu'ils effectuent, mais aussi de faire une pause lorsqu'elles menacent d'être submergées par la douleur ou l'angoisse. En tant que médecin, c'est clairement une situation où on préfèrerait ne pas devoir penser au patient suivant qui trépigne déjà dans la salle d'attente! Parfois, il arrive aussi que le dispositif nous échappe et se retrouve par terre. Mais ce qui est bien pire encore, c'est de voir une patiente subir passivement la procédure sans la moindre explication. En plus, il est impossible de prévoir comment telle ou telle femme réagira aux crampes qui suivent le placement d'un DIU. J'en vois des courageuses à qui leur seuil de tolérance à la douleur permet de se lever sans attendre et de repartir presque comme si de rien n'était... et d'autres non moins courageuses qui doivent rester allongées un quart d'heure ou plus avant de simplement tenir sur leurs jambes. C'est surtout alors qu'il est important pour nous d'être vraiment à leurs côtés, plutôt que de surveiller notre montre du coin de l'oeil en nous demandant combien de patients sont, entre-temps, en train de s'impatienter parce que nous avons pris du retard. Bref, pour moi, la pose d'un stérilet n'est tout de même pas si simple que ça. Ironiquement, alors qu'un frottis cervical pourrait sans doute être considéré comme "une procédure relativement simple à effectuer et faisant partie intégrante de la consultation", pour le coup, nous pouvons toujours le porter en compte: le code 114030 nous rapporte 5,36 euros, comme dans le passé. Or soyons francs, cet acte est infiniment plus simple et moins douloureux que la pose d'un DIU! Ne serait-ce justement pas une bonne idée que de privilégier une stratégie qui incite les patients à faire effectuer les petits actes techniques et chirurgicaux chez le généraliste? Une stratégie qui, grâce à des codes de nomenclature dignes de ce nom, donne aussi à chaque médecin le temps de s'acquitter de ces prestations? Comprenez-moi bien, ce n'est en effet pas tant la rémunération qui me préoccupe ici que la prise de conscience de cette réalité fondamentale qu'une consultation (de placement d'un DIU) va bien au-delà du seul acte technique. Ne me dites pas que la pose d'un stérilet est une procédure simple alors que c'est souvent un si grand pas à franchir pour les patientes elles-mêmes, qui ne s'y risquent qu'après s'être soigneusement informées. Peut-être ceux qui nous gouvernent pourraient-ils en prendre de la graine? L'auteur s'exprime en son nom propre.