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Hiver 1956. François 22 ans, la taille et la vigueur d'un arbre, acrobate de chantier, toute sève de l'existence à venir et d'un nouvel amour, est victime dans les Ardennes françaises d'un accident quasi mortel qui l'empêche d'encore désormais prendre cette vie et cette fille à bras le corps.Le corps justement et les rêves brûlés sur plusieurs degrés, celui qui n'est plus qu'un tronc sur pattes, un palétuvier véloce va, peu à peu, aux rythmes des petites victoires sur de grandes défaites, se recoudre une existence autre que celle, inerte, des mannequins Stockman qui hantent l'atelier de tailleur de ses parents : notamment au travers du sport, des compétitions d'amputés de rêves ou des aveugles, lesquels ont souvent de l'existence et par volonté une " vision " moins sombre de leur condition.13e roman de Valentine Goby, auteur il y a trois ans de Un paquebot dans les arbres déjà formidable, Murène qui pourrait s'intituler Réparer les vibrants raconte, sans pathos mais avec pathologie, l'histoire d'une lente résurrection sans résurgence physique, d'un homme qui, au final, sort la tête de l'eau grâce à la natation.La précision du cadre historique, médical et parasportif, vient se coudre sans faire de plis sur une histoire romancée dans laquelle on "marche", suivant le style fluide comme un crawl de la romancière.De la finesse d'une aiguille, son écriture court, garde un rythme haletant tout au long de ce marathon de près de 400 pages de la survie à la vie ; texte d'une auteur coureur de fond qui tient en haleine jusqu'à l'arrivée, possède un coeur généreux et quatre poumons, afin de mener à terme cette course contre la mort et l'envie de mort, cette épopée existentielle d'un jeune homme qui ne baissera jamais les bras... qu'il n'a plus.