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Né le jour de l'assassinat de Jaurès en 1914 et décédé sous Mitterrand, Louis de Funès de Galarza, issu de la petite noblesse espagnole mais né à Paris, qui fut fourreur, subvint aux besoins d'une famille rapidement orpheline de père, se fit connaître avant tout comme pianiste de jazz (on le voit jouer dans Un cheveu dans la soupe l'un de ses premiers films) avant de, sur le tard, la cinquantaine venue, connaître le succès, modeste d'abord, immense ensuite. C'est cela que raconte la très joyeuse exposition du Palace, laquelle retrace la vie et carrière de celui qui vénérait Buster Keaton et Charlie Chaplin, adorait Laurel et Hardy et qui toute sa vie a rêvé de jouer dans un film muet (imaginez The Artist avec de Funès). Les cartels très bien pensés, concis et précis, de l'expo le comparent à Donald ou Picsou ; on pense plutôt à Tex Avery dans sa capacité à tout accélérer, à déformer son corps (notre compatriote Christian Hecq pourrait être son héritier). Le propos révèle, notamment avec Oscar et d'autres pièces, que de Funès fut aussi un très grand comédien de théâtre, scène sur laquelle il débuta après la guerre dans La tomate, en duo avec un certain... Gérard Oury. Le crocodile, projet d'une parodie d'un dictateur imaginé par le réalisateur et que de Funès devait jouer après Rabbi Jacob (sorti l'année de la guerre de Kippour! ), ne verra pas le jour, l'acteur comique étant victime d'un double infarctus. Sa fin de carrière sera plus calme, moins trépidante et drôle du coup, avec L'aile ou la cuisse notamment, La zizanie, L'avare ou La soupe aux choux, son dispensable dernier film. Un autre échec fut Sur un arbre perché en 1971, qui mettait en scène son fils Olivier. Une partie entière de l'exposition se consacre aux détails de ses grands succès avec Gérard Oury comme La grande vadrouille, Le Corniaud ou La folie des grandeurs. L'occasion d'admirer le costume de Rabbi Jacob ou de s'asseoir dans la DS de Fantômas, une série par ailleurs très peu évoquée. Comme le sont peu aussi ses rapports avec Jean Marais ou Bourvil, qui n'étaient d'ailleurs pas très bons. Enfin, une partie se consacre à la série des Gendarmes et aussi à la figure des partenaires féminines de de Funès, où Claude Gensac, décédée il y a cinq ans, se taille la part du lion, enfin de la lionne plutôt. La raison, non évoquée dans l'expo, est que lesbienne assumée, elle ne faisait pas d'ombre à Jeanne, la seconde épouse de Louis, d'une jalousie terrible... Noblesse oblige... et fortune faite, Louis de Funès, après trois décennies de gloire courant sur les trente glorieuses, acquit un château grâce à sa pratique vertigineuse du noble art... de faire rire.