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Jan est, comme sa fille, au bord de la falaise où elle veut se jeter. Pour retenir son geste, il la supplie d'écouter des histoires, non, mieux! , son histoire... Il raconte la maman, Laurence, l'accouchement, ses absences, son combat anarchique dans tous les sens du terme, son Musée de la femme, son cinéma, son triomphe en Corée, ses amours, ses conquêtes qui n'en furent pas, ses envies suicidaires. " Tout le monde a le droit de partir quand il veut", assène-t-il en début et en fin de film, " sauf ma fille". Un film court, séquencé, tenu pour une fois, où le (sou)rire le dispute à une tristesse ou, plutôt, une mélancolie nostalgique à l'oeil mouillé. C'est Wim Willaert qui endosse sans mal le rôle de Jan, reprenant à son compte son air de "West-Vlaming" d'origine brut de décoffrage. Il ne ménage ni son talent, ni ses efforts, ni son personnage, rongé par la culpabilité, face à une Alice Dutoit (Alice On The Roof pour la scène) qui, dans le rôle de Marie, démontre un vrai talent de comédienne (oserait-on dire qu'on la préfère en actrice plutôt qu'en chanteuse? ) et Alex Vizorek comme pendant comique à ce gauchiste humoristique devenu soudain extrêmement gauche, ce papa absent et donc à la "manque", ce monsieur loyal qui ne le fut pas vis-à-vis de sa progéniture. Comme d'habitude avec Bucquoy ( La vie sexuelle des Belges, Camping Cosmos), le film reste, et c'est tant mieux, une sorte d'ovni, mais dont on n'a pas de mal cette fois à suivre la trajectoire, tant Bucquoy a à coeur d'être fidèle cette fois à la mémoire de sa fille et, pour se faire, même si l'humour genre politesse du désespoir affleure souvent, la tristesse qui l'emporte et le saisit le contraint sans l'obliger à une certaine et belle tenue. Celle du chagrin du Belge...