Nous poursuivons notre balade en Lozère (voir jdM n°2638), non loin du massif central, à la découverte du château d'Orfeuillette. Situé sur un parc de 12 ha, il offre un panorama spectaculaire sur la Margeride que ces arbres remarquables saluent.
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Cet ancien pavillon de chasse du 15e a été complètement repensé et transformé au 19e par Théophile Roussel, député, médecin et philanthrope. Lequel ramena notamment des Amériques des graines de séquoia : désormais au nombre de trois, ces arbres plus que centenaires toisent et dominent les autres senteurs (ce trio de tours naturelles répond à celles du même nombre du château) ou espèces réunies dans l'ancien arboretum, tout comme le potager et le petit troupeau d'ânes qui s'égayent sur le domaine. Le député en question qui était médecin, fit de la Lozère agricole le refuge d'institutions de protection de l'enfance (une loi porte son nom), de lutte contre la pellagre et l'accueil des aliénés notamment dans son département. Pas étonnant dès lors de le voir s'installer dans ce château... folie de style néogothique. Le lieu a connu des fortunes diverses en tant qu'hôtel avant que Christophe Brunel, local originaire du village d'Albaret-Sainte-Marie, commune sur laquelle se situe ce lieu féerique, le rénove totalement, gardant au passage l'aspect château conte de fées que lui confèrent notamment ses tours. Il ne pouvait dès lors que se référer à l'histoire mythique et mystérieuse de la bête du Gévaudan, laquelle confine à la légende. Le monstre est présent sous forme de deux statues spécialement conçues pour le lieu qui propose pour sa part des chambres de contes de fées contemporains (deux d'entre elles possèdent une balançoire), des suites de charmes pour couples voulant réveiller la belle au bois dormant, respectant l'histoire du lieu (l'immense cheminée et le somptueux escalier de granite), adressant des clins d'oeil à l'histoire (l'une des onze chambres s'appelle Eiffel célébrant la tour et le concepteur du pont de Garabit tout proche qui logea dans le château) tout en lui conférant une touche design résolument contemporaine, toujours avec une touche d'humour "heroïque fantaisie" (l'une de ces chambres affiche un style girly outrancier, une autre plus pin-up la figure de Marilyn) voire un rien coquin ; l'orangerie, située à côté du château, en possède pour sa part huit, beaucoup plus sobres. C'est Christophe Brunel lui-même qui imagine cette décoration, laquelle flirte avec le style baroque éclatant de Jacques Garcia au niveau de la réception notamment ; le bâtiment est décoré de grandes photos animalières noir et blanc de Bruno Calendini dans les couloirs, et l'ensemble est toujours accompagné de cette touche humoristique. L'établissement est doté d'une belle table gastronomique, consommatrice de produits bios et locavores. Au dehors, une piscine installée au bord paysage bucolique spectaculaire et vierge de toute habitation, dans lequel teinte les cloches des vaches brun clair de race Aubrac, flanque l'ancienne chapelle à la charpente en forme de bateau renversé, transformée dans un style épuré en salle de séminaire : un passé religieux qui doit plaire aux... séminaristes. Christophe Brunel, héritier d'une tradition hôtelière débutée par son arrière-grand-père à l'entame du siècle dernier, et qui a notamment travaillé comme garçon de vestibule à l'Élysée sous Mitterrand, possède au sein de son groupe hôtelier maisons Brunel, deux autres établissements : un deux étoiles plutôt réservé à une clientèle d'affaires (les portes d'Apcher) un autre trois étoiles, le Rocher Blanc, dans le même village et à trois minutes du château en belles pierres de granite, offrant une ambiance mêlant cosyness anglais et chalet de montagne (on est tout de même à plus de mille mètres), proposant 17 chambres plus simples, mais toutes aussi originales et thématiques (cabane, campagne, ange et démon...) conçues toujours par le même Christophe. Un lieu chaleureux doté d'un restaurant jouant des traditions culinaires locales, et doté d'une piscine extérieure et d'un wellness (sauna, piscine chauffée, bain bulle, salle de sports) alliant vieilles pierres et ambiance épurée et zen. Le tout se trouve à quelques kilomètres à peine de l'autoroute A 75, au bord de laquelle cet infatigable entrepreneur a conçu une Halle Gourmande contemporaine et translucide où il vend des produits locaux et propose une restauration express certes, mais pour une fois typiquement locale...