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Il y avait du beau monde, vendredi 27 septembre, au CHR Haute Senne. Les ministres wallon et fédéral de la Santé Yves Coppieters et Frank Vandenbroucke, mais aussi Michaël Daubie, directeur général soins de santé de l'Inami, et Françoise Lannoy, administratrice générale de l'Aviq, accompagnée de Brigitte Bouton, inspectrice générale du département santé. C'est que le sujet est important, à plus d'un titre. D'abord, concernant les soins intégrés, c'est un projet de santé publique qui aboutit. Le CHR Haute Senne a mis en oeuvre une visite pour démontrer l'efficacité de l'outil "Born in Belgium" pour identifier au mieux 13 vulnérabilités potentielles chez les femmes enceintes. "Il s'agit là d'une étape qui s'inscrit dans un plan plus large de parcours de soins périnatal intégré", spécifie Thérèse Trotti, directrice générale du CHR Haute Senne. Ensuite, c'est une avancée dans le processus de Proxisanté. Yves Coppieters affirmait vouloir du concret, c'est en partant d'une initiative "bottom-up" que l'Aviq compte donner vie à la future organisation territoriale wallonne, et singulièrement aux Organisations locales de soins (OLS). Car le projet "Born in Belgium" a besoin de cette organisation méso pour avancer. Enfin, ce fut l'occasion pour les administrations - l'Inami et l'Aviq - de signer une convention autour de ce projet des 1.000 jours. L'objectif wallon: "faire tache d'huile et atteindre la barre de dix institutions souscrivant au projet Born in Belgium en Wallonie", confient Françoise Lannoy et Brigitte Bouton. Renseignements pris auprès de l'équipe "Born in Belgium": de nombreux hôpitaux sont déjà intéressés, tels que le MontLégia à Liège ou le CHRSM à Namur. "L'hospitalo-centrisme est une pathologie. Ce n'est pas grave, cela se soigne. Mais nous avons besoin d'encouragements pour développer des projets qui permettent l'intégration", explique Thérèse Trotti. "Nous sommes convaincus que l'intégration des soins doit passer à la fois par l'amélioration de la qualité, de la sécurité des soins, mais également par l'amélioration de la santé de l'ensemble de notre population. Pour ce faire, il faut changer de paradigme, et ne pas attacher le patient à une ligne de soins pour se focaliser sur les besoins de la population et collaborer tous ensemble pour apporter une réponse adaptée au patient."Au-delà du projet "Born in Belgium", qui rassemble déjà 75 acteurs, le CHR Haute Senne lie l'acte à la parole, puisque l'intégration est ancrée au sein même de l'organigramme. Ainsi, Olivier Darquennes est directeur soins intégrés du CHR Haute Senne. "Les soins intégrés, dans notre optique, c'est la création d'une structure qui fournit à la population des soins et des services avec un interlocuteur de référence."Pour bâtir sa stratégie de soins intégrés, l'hôpital sonégien s'est inspiré du Plan wallon de prévention de promotion de la santé. "Nous nous sommes intégrés dans les politiques régionales et fédérales. En pratique, cela veut dire que nous mettons en place différentes actions, chaque année, pour promouvoir les soins intégrés." Trois exemples concrets: la collaboration entre pharmacies hospitalières et de ville pour la réconciliation médicamenteuse, des formations à la réanimation cardio-pulmonaire en préparation au permis de conduire en collaboration avec la police et Vias, et la lutte contre les violences faites aux femmes avec l'appui d'ASBL et de la police. C'est dans ce cadre que s'inscrivent le parcours soins périnatal intégrés lors des 1.000 premiers jours et le projet "Born in Belgium"."Mettre en place un tel projet prend du temps", explique Charlotte Dejehansart, coordinatrice PACT, projet pilote visant à aborder les soins intégrés par territoire. "L'objectif est de mettre en place un niveau méso, encore très pilote en Wallonie. Il s'agit d'un niveau d'organisation territoriale qui articule le niveau macro - la Région - et le micro - le bassin de vie. Pour "Born in Belgium", la première étape a été de comprendre le projet au niveau macro. Ensuite, nous avons mené une enquête populationnelle au niveau local pour comprendre les indicateurs statistiques, utiles pour aborder la problématique. Un grand point a été de vulgariser les informations pour le terrain et cerner les besoins des professionnels. Toutes ces données, il faut pouvoir les transmettre au niveau local, leur donner du sens."L'initiative jouit d'un terrain fertile, puisque le réseau en place est déjà mobilisé. "Il y a suffisamment de médecins généralistes, un réseau social, un réseau de santé mentale déjà existant. Tous montrent l'envie de travailler ensemble", explique la coordinatrice PACT. Il reste cependant des défis à relever. "Comme pour tout projet innovant, il faut travailler sur les réticences, mais aussi valoriser le temps de concertation. La collaboration est encore fragile, il faut la renforcer. Enfin, l'intégration des données dans le Réseau santé wallon est également un point d'attention."