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La plupart des études sur la charge de morbidité due au diabète portent sur la prévalence, constatent Magliano et ses collaborateurs. Cette prévalence augmente certes sensiblement, mais on ne peut en conclure que le risque pour la population est également en hausse.Les auteurs ont analysé des études sur l'incidence du diabète réalisées entre 1960 et 2014. Ils se sont limités au travail qui portait sur au moins deux périodes au cours de cet intervalle, et ce dans la population générale.Sur les quelque 23.000 publications analysées, seules 47 répondaient aux critères d'inclusion. Les études concernaient majoritairement des pays d'Europe, mais aussi les USA, le Canada et la Chine. Certaines ne font pas explicitement la distinction entre le diabète de type 1 et 2, ce qui ne constitue pas un problème selon les auteurs, car le type1 ne concerne qu'une petite partie de la population des diabétiques.Les résultats montrent que l'incidence du diabète augmente dans la plupart des populations entre 1960 et les premières années du 21e siècle. Puis, une stabilisation est constatée chez 30% des populations étudiées, ainsi qu'une baisse de l'incidence (36% de celles-ci). Les auteurs en concluent que l'épidémie de diabète régresse favorablement dans plusieurs pays occidentaux.Cela s'expliquerait surtout par une vague de mesures préventives, mais voilà une déclaration quelque peu simpliste. Comme Magliano et al. le font remarquer, on mesure une incidence du diabète en baisse aux États-Unis, alors qu'on y trouve de plus en plus de personnes obèses. En commentaire de l'article, une personne rappelle les variables potentiellement trompeuses, comme une baisse de l'inclination de la population à consulter pour un examen, sous l'influence de facteurs sociaux.D'autres théories pourraient être avancées pour expliquer cette incidence en baisse, mais celles-ci semblent peu probables. On pourrait ainsi penser que la plus grande attention pour le diabète et son dépistage au cours de la première décennie de ce siècle aurait pu " vider " plus rapidement la réserve de diabètes non diagnostiqués. Les études portant sur le sujet n'ont cependant pu montrer aucun lien entre le dépistage renforcé et une incidence du diabète en hausse.A la lumière de ces constatations, la prévalence en hausse du diabète dans nos contrées constitue une bonne nouvelle. Cela ne signifie pas que le nombre de nouveaux diabétiques est en hausse, mais bien que les patients déjà traités vivent plus longtemps. Tant que la mortalité dans le groupe de patients concernés restera plus basse que l'incidence, la prévalence continuera de grimper. Cela explique, concluent Magliano et al., que la prévalence ne constitue pas un paramètre pertinent pour cartographier le développement épidémique du diabète ou d'autres maladies chroniques non transmissibles. Enfin, ajoutons que la publication dans le British Medical Journal n'aborde pas l'incidence chez les enfants.