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Après le tennis, la palestre, le temps, voici Denis Grosdanovitch, ancien champion de tennis français, qui aborde le sujet du jeu d'échecs, une autre de ses passions, et, partant de ce sport cérébral, extrapole, au travers de ses joies et dangers d'addiction, la philosophie de vie que l'on peut dégager de ces 64 cases. Ses origines balkaniques n'étant sans doute pas pour rien dans sa passion des échecs, dont les habitants de l'ex-Yougoslavie sont devenus maîtres (le club d'échecs de Sarajevo sera épargné durant les quatre années de bombardement), notre philosophe à grand tamis profite du soudain regain d'intérêt pour ce jeu ancestral grâce à la série Netflix Le jeu de la dame pour en décrire l'esprit, l'addiction qui peut en découler et évoquer notamment les grands champions Karpov, Kasparov et d'autres, ainsi que les écrivains qui ont abordé ce jeu comme Stefan Zweig ou Vladimir Nabokov. Le fou est sans doute la pièce qui convient mieux aux champions et joueurs invétérés, réfugiés dans leur "tour d'ivoire" et très à "cheval" sur les règles, combinaisons et historiques de grandes parties. Partant de l'exemple de la défaite de Kasparov face à Deep Blue, Denis Grosdanovitch assène que l'esprit humain "damera" encore longtemps le pion à la machine, qui, si elle se montre ultra performante en termes de tactiques (l'immédiat), est loin de rivaliser avec l'esprit humain en terme de stratégies (long terme). Et de conclure que dans ce monde d'algorithmes vers lequel nous tendons inéluctablement, l'imprévisibilité de l'esprit humain peut encore mettre en échec le déterminisme du digital. Bref, que l'imagination peut vaincre la simple reproduction de combinaisons et que dès lors... la partie est loin d'être perdue.