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Pour sa nouvelle étude, le KCE a épluché 473 essais randomisés et contrôlés, notamment à l'étranger où des consultations infirmières sont assurées depuis longtemps. L'expérience des autres semble concluante. "Notre système de soins n'est pas bien armé pour répondre aux besoins qui accompagnent des problèmes de santé complexes et de longue durée. Il est donc devenu nécessaire de développer d'autres approches mieux adaptées. Celles-ci mettront davantage l'accent sur la collaboration et sur l'intégration des soins, et feront souvent aussi intervenir des acteurs supplémentaires", note le Centre fédéral d'expertise en préambule de son rapport. S'il ne fait aucun doute que de telles consultations pourraient répondre aux besoins belges, il faut baliser l'activité au niveau local, par des conventions passées avec d'autres prestataires de soins dans le cadre d'une collaboration structurelle: qui fait quoi? Avec quelle formation/expertise? Pour quels patients et dans quelles situations? De ce qu'il ressort du terrain, de nombreuses lacunes - légales, organisationnelles et financières - restent à combler, le déploiement des consultations infirmières ne se fera pas en un jour, souligne le KCE. Il faut revoir tant la législation que la formation et le financement, mais aussi gagner la confiance des autres professionnels, des patients... et des infirmiers eux-mêmes. "Les infirmiers qui mènent ces consultations flirtent parfois avec les limites des prestations que la loi les autorise actuellement à réaliser (p.ex. pour la prescription)", souligne le KCE. Il faut réfléchir aux moyens de rendre la législation plus souple, "par exemple en laissant ces professionnels exercer en fonction de leurs compétences réelles et démontrables (p.ex. diplômes/certificats de formation ou preuve d'une expérience antérieure, à conserver dans le portfolio prévu dans la Loi qualité), plutôt qu'en fonction d'une liste d'actes limitative comme c'est le cas actuellement".Dès lors, le Centre fédéral voit une opportunité dans des projets pilotes qui, bien balisés, pourraient apporter, et assez vite, des résultats concrets et utilisables, "sans trop brusquer les acteurs concernés", et permettre d'identifier les difficultés. Et la sécurité? "L'intervention de l'infirmier s'inscrit dans un parcours de soins plus large, il n'est jamais seul pour accompagner le patient. C'est aussi pour cela que le KCE recommande que la consultation infirmière soit balisée par des accords interprofessionnels clairs." Cette évolution risque-t-elle d'aggraver la pénurie de personnel infirmier? Des tâches "plus diversifiées et davantage de possibilités d'évolution professionnelle pourraient améliorer l'attrait du secteur et donc contribuer à la rétention des effectifs", estime au contraire le KCE. Quant au positionnement par rapport aux médecins, certains stakeholders interrogés dans l'étude estiment que l'autonomie des infirmiers pourrait être développée davantage, d'autres que leur rôle se définit par rapport à l'intervention du médecin, qui conserve la responsabilité finale. La consultation infirmière n'est jamais vue comme complètement indépendante de la consultation médicale, mais comme un complément, "un pont" entre deux contacts médicaux.