...
Le programme PsoPlus repose sur deux constatations. Tout d'abord, on sait depuis peu que le psoriasis n'est pas qu'une maladie de la peau. En cas de lésions sévères, les patients courent plus de risques de maladies cardiovas-culaires et de surpoids/obésité. Ensuite, ces personnes souffrent plus fréquemment de troubles psychosociaux (tabagisme ou alcoolisme par exemple). " En tant que Centre d'excellence en matière de traitement du psoriasis, nous avions le sentiment qu'il fallait aborder ce trouble de manière beaucoup plus holistique ", explique le Pr Lambert.Deuxième constatation : les traitements ont évolué et se sont surtout incroyablement diversifiés ces dernières années. L'offre est telle qu'au-jourd'hui, il est possible de faire disparaître pratiquement toutes les lésions liées au psoriasis. Le choix du traitement le plus judicieux implique cependant de disposer d'informations très précises sur le patient (voir aussi le Clinical Update en pages 14-15).Jo Lambert constate qu'il n'est pas possible de collecter toutes les informations importantes au cours d'une consultation classique avec le patient. Une nouvelle méthode de travail s'imposait donc.Dans le cadre de PsoPlus, le patient remplit un questionnaire dès son arrivée en salle d'attente. Il y explique les conséquences de la maladie dans sa vie quotidienne. Le patient est ensuite vu par un membre du personnel infirmier, qui procède à une anamnèse complète. On enquête sur l'historique de la maladie, la charge de celle-ci, les maladies associées, le réseau social, le style de vie, sans oublier les attentes vis-à-vis du traitement en cours. Par exemple : le patient souhaite-t-il un guérison rapide ou plutôt à une approche progressive, avec une attention particulière pour les effets secondaires ? Grâce à ce prétrajet, le dermatologue dispose déjà d'un pro-fil de patient au moment de la consultation. Une base solide pour démarrer rapidement un traitement personnalisé du psoriasis.Mais ce n'est pas tout. PsoPlus prévoit aussi que le patient soit rediriger vers d'autres spécialistes (ou un généraliste) pour les maladies associées. Lors de la consultation suivante, le médecin vérifie que le patient s'est bien rendu à ses rendez-vous et s'enquiert des amé-liorations constatées par celui-ci. Entre deux consultations, le patient n'est pas laissé à son sort. L'équipe ne manque pas de l'interroger par email sur les éventuels effets secondaires ou compli-cations liées aux médicaments. Le psoriasis est donc placé dans un cycle de soins multidisciplinaires similaire à celui du traitement du diabète.Une telle approche globale exige bien entendu des moyens et du personnel supplémentaires. " On m'a demandé si cet investissement en valait vraiment la peine ", poursuit-elle. " Un patient PsoPlus est-il mieux accompagné que s'il avait été classiquement suivi par un dermatologue ? " Une étude a donc été lancée pour évaluer la plus-value du projet. " Nous allons exprimer les résultats sous la forme d'une fraction, avec les effets du traitement comme numérateur et le coût global comme dénominateur. Nous partons ici des principes de soins fondés sur les valeurs, c'est-à-dire l'amélioration de l'état du patient en matière de lésions, de qualité de vie, de fonctionnement au quotidien, de comorbidité, etc. Par ailleurs, nous calculons le temps investi en termes de personnel administratif, infirmier, ainsi que les moyens supplémentaires mis en oeuvre, comme les locaux par exemple. Le quotient obtenu sera ensuite comparé aux données sur patients suivant un trajet de soins classique. " L'exercice s'avère riche d'enseignement pour l'équipe. " Nous remarquons que le dermatologue peut tout à fait déléguer une partie de son travail à un prestataire de soins qui coûtera moins cher, avec un résultat tout aussi qualitatif en termes de satisfaction du patient. "Le Pr Lambert dresse d'ores et déjà le bilan provisoire de PsoPlus. " En analysant clairement le profil du patient et la charge de la maladie, nous constatons que le traitement est plus rapide et plus profond. Cela veut aussi dire que nous utilisons plus vite des produits biologiques, qui donnent les meilleurs résultats. C'est naturellement un facteur qui augmente le coût du traitement, mais nous espérons montrer avec notre étude que le traitement est plus économique, entre autres parce que le patient est ou reste intégré socialement et professionnellement, et guéri assez longtemps pour devoir consulter moins souvent. "" Cela a pris un peu de temps avant que les médecins et les patients n'abordent le psoriasis de manière plus systémique et multifactorielle. Ce n'est pas au patient de coordonner des soins aussi complexes. Vu le caractère spécialisé du traitement du psoriasis, je ne pense pas non plus que cette coordination incombe au généraliste, même si ce dernier peut apporter son soutien. En tout cas, il ne peut savoir les évolutions récentes dans tous les domaines du traitement ", conclut-elle.