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"Une récente séance de réflexion en soins de santé au siège du Mouvement réformateur a permis d'y voir plus clair", pointe le Dr Bakhouche. "On a essayé de discuter avec des directeurs de mutuelles, d'hôpitaux et des industriels, des experts comme Philippe Devos (entre-temps directeur général d'Unessa, NdlR) pour avoir une vue d'ensemble de la réforme du financement des hôpitaux, de la nomenclature, face à une certaine verticalité de décisions. On a discuté de la pertinence de l'existence même des mutualités. Georges-Louis Bouchez a un avis assez tranché sur la question. On a discuté de la réforme du remboursement des médicaments. Des lourdeurs administratives pèsent sur les producteurs de médicaments qui se plaignent du manque d'experts à propos des nouveaux médicaments, du manque de vision sur l'innovation. Ce qui retarde énormément le remboursement des médicaments innovants. Ceci met en péril le système de santé.""Notre souci principal, c'est la gestion hospitalière. On a une population de près de 12 millions d'habitants avec une offre de soins assez excédentaire: trop d'hôpitaux, trop de lieux décisionnels,... L'idée est de rédiger plusieurs axes programmatiques d'amélioration du système des soins de santé pour aller vers plus d'efficience. Comment faire pour simplifier et améliorer notre système? À ce jour, une certaine cacophonie règne, c'est évident."Le MR travaille sur quatre axes: 1. Garantir la qualité et l'accessibilité des soins pour le plus grand nombre. 2. Améliorer la santé des patients. 3. Améliorer la performance des prestataires de soins de santé. 4. Faire de la Belgique une terre d'innovation médicale. Sur le premier point, il faut tendre vers une meilleure efficience dans l'organisation du paysage des soins de santé. Le MR propose pour ce faire de réformer la gouvernance des soins de santé. "Notre position est assez tranchée: en santé publique, on veut refédéraliser certaines compétences notamment au niveau de la prévention. Un statu quo règne actuellement. La politique de prévention est très segmentée. On a des différences en matière de dépistage. En matière de cancer du côlon, on est en-dessous de la moyenne de l'Europe ; le dépistage du HPV est beaucoup moins efficace en région francophone, faute d'une politique belge de santé publique."Le MR s'inquiète également de la soutenabilité du système. "À ce jour, au niveau du budget, on constate d'année en année une augmentation, en réalité de dix milliards en huit ans, sans justification. On souhaite donc calibrer ce budget en fonction du PIB et d'indices de santé objectifs. Personne n'ose placer un cadre qui circonscrit la croissance des dépenses. La norme de croissance est fixée 'comme ça'. On augmente le budget d'1,2/2 milliards annuellement sans justification claire. Certes, la population vieillit. Mais certaines balises (comme les dépenses ramenées au PIB) sont nécessaires."La lutte contre la surconsommation fait partie des chevaux de bataille du MR. Les libéraux proposent notamment de restructurer les services des urgences. "Selon le KCE, ceux-ci accueillent en moyenne six patients nocturnes et 50 patients la journée." Or certains services d'urgence se font concurrence sur un territoire restreint, à Mons notamment. Concernant les réseaux hospitaliers, "Frank Vandenbroucke butte sur le fait que les réseaux sont ultra-politisés. Il faut donc contraindre les réseaux hospitaliers à rationaliser les centres de référence par exemple en termes de pathologie, en termes d'économies. Ils pourraient acheter des médicaments en commun. En dépit des réseaux, on constate que subsistent des concurrences entre hôpitaux. Il faut donc faire un état des lieux des réseaux."Le MR veut également regrouper les postes médicaux de garde (PMG) et les services d'urgence (SU). "Il y a une volonté des médecins généralistes de financer à outrance les PMG sans aucune réflexion d'ensemble. Alors qu'on pourrait travailler ensemble entre SU et PMG. Les patients qui nécessitent réellement une admission aux urgences y seraient envoyés via le PMG. À Saint-Pierre (Bruxelles), un PMG fonctionne à 100 mètres des urgences. Le PMG renvoie les patients qui l'exigent aux urgences de l'hôpital. C'est mieux que de créer un PMG sans intérêt crucial. Il faut programmer l'offre des urgences sur base scientifique et les restructurer."En outre, la fusion entre le SPF Santé publique et l'Inami est à l'étude au MR. "Nous voulons réformer le fonctionnement des commissions et comités internes de l'Inami. On veut également revoir le fonctionnement des organismes assureurs."Le MR regrette la complaisance qui existe au niveau des certificats médicaux de maladie. "On va approcher 600.000 malades de longue durée et cela coûte dix milliards chaque année. Freiner cette évolution est une responsabilisation de l'ensemble des parties prenantes: la mutualité, les services de médecine externe tels Mensura, l'employeur et aussi l'employé. Les médecins doivent être formés davantage aux pathologies psychologiques. On veut sensibiliser les médecins à ne plus donner des certificats à outrance."Original: le MR souhaite qu'un médecin référent lié au DMG décide seul des interruptions de travail. "Il faut déterminer également des recommandations de pratique quant aux durées d'indisponibilité en fonction des pathologies. Le médecin traitant ne peut définir en toute liberté le nombre de jours de maladie."Plus surprenant, le MR est favorable à un échelonnement soft. "On voit beaucoup trop de patients qui court-circuitent la médecine générale et déboulent chez le médecin spécialiste. Ceci entraîne une surcharge administrative et des dépenses non nécessaires car la pathologie n'exigeait pas la prise en charge par le spécialiste. L'hypertension par exemple n'oblige pas d'aller directement chez le cardiologue. Ce système de gatekeeping existe partout sauf en Belgique et en Suisse! Les spécialistes s'imaginent que c'est mauvais pour eux mais c'est de l'ordre de la responsabilité politique de le faire."Le MR propose également un plan de stage obligatoire pour les médecins généralistes en formation qui les obligerait à s'installer au moins six mois dans des communes en pénurie dès lors qu'un cadastre wallon des pénuries existe.