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Le journal du Médecin: Relativement jeune encore, vous avez en quelque sorte fait un va-et-vient entre l'Inami (huit ans au service des soins de santé), chef de cabinet santé de Maggie De Block, SPF Santé publique (trois ans et demi) et Commissaire corona. Une flexibilité remarquable. Comment toutes ces expériences vont-elles vous "nourrir" à l'Inami? Pedro Facon: J'ai en effet eu l'occasion de travailler sur la politique de santé sous différents angles. Chaque nouveau poste m'a permis d'acquérir de nouvelles connaissances et de nouvelles compétences, mais il y a toujours un fil conducteur clair: offrir des soins et une assistance accessibles et de qualité dans le cadre d'un système de financement solidaire et durable, en utilisant au mieux les ressources. Cela ne peut se faire que par une bonne concertation avec tous les partenaires des soins de santé, des partenaires sociaux au terrain. Que vous apporteront vos activités universitaires (notamment chercheur à la VUB) dans votre nouvelle fonction? Une bonne politique doit être étayée par des données et des connaissances. La recherche universitaire, tant fondamentale que plus axée sur la pratique, constitue une source importante à cet égard. Mon premier emploi a été celui de chercheur à l'Instituut voor de Overheid de la KU Leuven. Lorsque j'ai quitté l'université, je suis toujours resté en contact avec les chercheurs et j'ai essayé de m'inspirer de leurs travaux. L'Inami se targue d'observer le Health Technology Assessment, ce qui revient à appliquer au secteur public l'efficacité du secteur privé... Qu'évoquent pour vous ces notions? L'objectif n'est pas de simplement transplanter les méthodes de gestion privées dans le secteur public. Selon moi, le gouvernement peut apprendre du secteur privé à cet égard, mais l'inverse est tout aussi vrai. L'objectif principal de l'évaluation des technologies de la santé est d'étayer et d'objectiver au mieux les choix difficiles en matière de financement et de remboursement. C'est également nécessaire: il y a énormément d'innovations, mais elles sont aussi souvent coûteuses, alors que les ressources de l'État et de la sécurité sociale ne sont pas illimitées. Nous venons d'apprendre la création de 12 nouveaux groupes de travail dépendant de la commission médico-mutualiste. Cette inflation d'instances ne nuit-elle pas à la concertation? Nous ne devons pas être aveuglés par le nombre de groupes de travail et de taskforces: ce qui compte, c'est qu'il y ait une vision claire, qu'on ait les pieds solidement arrimés au sol et que des résultats soient obtenus. Nous devons garder un équilibre entre ambition et faisabilité pour les administrations et le terrain. Avez-vous un mot particulier à dire aux médecins qui nous lisent et qui parfois se sentent perdus face à la machine administrative de l'Inami? Que prévoyez-vous pour leur faciliter les échanges avec l'Inami? Je comprends certaines des frustrations. La simplification administrative commence par une politique transparente et claire, qui ne se perd pas dans toutes sortes de règles détaillées. Il s'agit d'une responsabilité commune de la politique, de l'administration, mais aussi des représentants du monde du travail dans le modèle de consultation de l'Inami. Nous devons rester vigilants à tout moment quant aux conséquences administratives des décisions que nous prenons à Bruxelles. Est-ce un handicap de ne pas être médecin ou soignant lorsqu'on est fonctionnaire-dirigeant d'un service public dédié à la médecine et aux soins de santé? Chaque diplôme a ses avantages, mais aussi ses limites. En tant que décideur politique et fonctionnaire de premier plan, vous devez être capable de combiner de nombreux domaines de connaissances et de compétences. Et peut-être surtout: continuer à connaître et à comprendre de plus en plus. De plus, vous travaillez en équipe: l'Inami et ses employés sont connus pour leur grande expertise dans divers domaines, médicaux et autres. Je m'appuierai également sur cette expertise. Que répondriez-vous à ceux qui vous qualifieraient de technocrate? Je crois en un gouvernement fort et en un rôle tout aussi fort pour les administrations et les fonctionnaires. Si c'est ce que vous voulez dire, alors je suis effectivement un technocrate. En même temps, je suis animé par une vision de solidarité et de justice sociale. L'un n'exclut pas l'autre ; au contraire, ils sont complémentaires. Votre fonction ne vous permettra pas de jouir de tous les week-ends, c'est évident. Parmi vos centres d'intérêt, quel hobby souhaitez-vous préserver à tout prix? Je suis un "rat des eaux"[1]: j'adore nager, plonger, etc. Vous pouvez littéralement et figurativement aller sous l'eau pendant un certain temps. C'est ce que je fais de temps en temps.