...

Le Grand Palais a ressemblé pas moins de 228 oeuvres : peintures sur toile, sur carton, dessins, affiches, mais aussi fragments de films qui nous donnent à voir le Paris enchanteur de la fin-de-siècle.Les oeuvres proviennent de 28 musées, situés aux quatre coins du monde. La VRT a même calculé que 92.813 km avaient été parcourus pour la cause, par avion et par camion, ce qui représente une émission de 6.289 kg de CO2. Mais ne boudons pas notre plaisir : cette grand-messe ravira sans conteste le passionné d'art, entre autres en dévoilant comment Toulouse-Lautrec a embrassé les nouveaux courants stylistiques et l'art japonais, pour les intégrer dans son propre modernisme et marquer profondément l'histoire de l'art.L'expo montre aussi que Toulouse-Lautrec ne doit pas seulement sa réputation à l'image qu'il a donnée du Paris du spectacle et du plaisir, en coulisses ou dans le public. Sur le plan artistique, il a également été une figure clé de la période de transition qu'incarnait cette fin-de-siècle, ainsi qu'un grand innovateur en termes de réalisation d'affiches.L'une des oeuvres les plus intrigantes de l'exposition est le portrait que fit Toulouse-Lautrec de son cousin (du côté de sa mère), le docteur Gabriel Tapié de Céleyran, en 1894. La peinture étonne par son format particulier, ses contrastes presque fauvistes, la perspective japonaise inédite, le rendu expressionniste des personnages en arrière-plan, le fait qu'il dépeigne le docteur en dandy nonchalant sur un tapis rouge du hall d'entrée de la Comédie Française, une main dans la poche de son pantalon, l'autre tenant un cigare. Un portrait magistral de son buddy de la nuit parisienne. Dans d'autres compositions d'ailleurs, Toulouse-Lautrec fera de son cousin un spectateur privilégié, dans La Danse Mauresque (1895) par exemple, où La Goulue virevolte et attise les regards.Ce Gabriel Tapié de Céleyran était arrivé à Paris en 1891 pour y étudier la médecine. Assistant de l'illustre docteur Péan, qui figure lui aussi sur plusieurs toiles de Toulouse-Lautrec, Gabriel a permis à son cousin de s'introduire dans l'hôpital afin d'y peindre des opérations en live. Toulouse-Lautrec était fasciné par le monde médical. Il a même représenté, sur base des dires de son cousin, un étudiant en plein examen de fin d'études (Un examen à la Faculté de Médecine, 1891).Après Toulouse-Lautrec, le Grand Palais se penchera sur le cas de Le Greco (jusqu'au...) avant de fermer ses portes pendant quelques années pour rénovation. Heureusement, il reste toujours le Musée Toulouse-Lautrec d'Albi, la ville natale de l'artiste, qui abrite l'une des plus fabuleuses collections du peintre, entre autres grâce aux efforts de son acolyte de toujours, le docteur Gabriel Tapié de Céleyran.