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L'année automobile avait pourtant démarré sur les chapeaux de roues. Le Brussels Motor Show 2020 avait même vu affluer un demi-million de visiteurs, avec 51.840 nouveaux véhicules de particuliers inscrits en janvier 2020. Un score encore meilleur qu'en janvier 2019. À une année près, il s'agissait aussi de la meilleure année jamais enregistrée en termes de ventes automobiles en Belgique. Le champagne coulait à flot. La fête aura toutefois été de courte durée. Début février, le coronavirus s'étend telle une tâche d'huile sur le monde et pousse de nombreux pays à un confinement de plusieurs semaines à quelques mois. Les usines automobiles, showrooms et autres garages ferment temporairement leurs portes et les ventes chutent de manière historique. Passé le premier lockdown, l'industrie automobile constate un léger regain économique, mais il n'empêche: les ventes de véhicules ont reculé de près de 25% au cours des trois derniers trimestres. Les dernières semaines ne suffiront pas à combler ce spectaculaire manque à gagner. Dans le meilleur des cas, la perte en termes de chiffre d'affaire oscille entre 15 et 20%. L'analyse des pertes montre que les grandes marques généralistes sont plus durement touchées que les marques de luxe. BMW n'a ainsi vendu que 2,25% de véhicules en moins, là où Opel accuse une perte de 43,11%! Quant au constructeur Porsche, il parvient même à enregistrer une progression de 5,05% pendant cette même coronade. Son porte-parole Bernard Van Bellingen explique cet exploit par le franc succès rencontré par la Taycan et sa propulsion électrique... "Nous avons dépassé nos projections les plus optimistes. Avec la propulsion spécifique de la Taycan, nous avons non seulement amélioré la largeur du véhicule, mais nous sommes aussi parvenus à récupérer des clients de marques concurrentes. Des marques qui n'ont pas encore égalé notre avancée technologique. Nous sommes aussi agréablement surpris par l'accueil favorable réservé à la nouvelle Porsche 911. Les SUV étaient nos bestsellers, mais la 911 et la Taycan occupent aujourd'hui la première et la deuxième place du podium. Cette réussite s'explique aussi évidemment par l'extrême aisance financière et la fidélité de la clientèle de Porsche. Elle a sans conteste moins souffert de la crise du coronavirus que le citoyen lambda et craint moins pour son avenir."Parmi les marques qui ont assez bien résisté au raz-de-marée, citons donc Porsche et BMW, mais aussi Toyota (- 3,6%), Skoda (- 10,5%), Land Rover (- 10,6%) et Kia (- 12,4%). Côté perdants, nous retrouvons Opel (- 43,1%), Renault (- 37,0%), Suzuki (- 36,6%), Mazda (- 34,4%), Nissan (30,4%), Hyundai (- 28,8%), Volvo (- 28,0%), Fiat (- 26,6%), Peugeot (- 25,4%) et Volkswagen (-25,0%), sans oublier Mercedes (- 25,1%). Marque premium par excellence, cette dernière s'en sort pourtant beaucoup moins bien que ses concurrentes BMW (- 2,2%), Tesla (- 13,6%) et Audi (- 16,9%). Selon les dernières nouvelles en provenance de Stuttgart, les économies drastiques ont porté leurs fruits et la situation semble s'améliorer. Voilà une bonne nouvelle. Près de 40% des gains du secteur automobile proviennent des marques de luxe, même si celles-ci vendent beaucoup moins de véhicules que les marques à gros volume de production. Celles-ci sont confrontées à des marges historiquement basses et nous savons que le moindre recul des ventes les plongent automatiquement dans le rouge. La mauvaise nouvelle, c'est que plus la crise du corona s'éternise, plus les marques risquent de plonger financièrement, voire de tomber en faillite ou devenir des proies faciles pour d'éventuels repreneurs. Il y a à peine trois ans, Opel avait ainsi été sauvée de justesse par PSA. Le même groupe automobile français se présente à nouveau comme le sauveur, cette fois du groupe italo-américain FCA (Fiat Chrysler Automobiles). Si tout se passe comme prévu, PSA et FCA fusionneront l'année prochaine pour former Stellantis, qui deviendra ainsi le quatrième plus grand groupe automobile au monde. L'actuel président de PSA, Carlos Tavares, sera promu responsable opérationnel de Stellantis. La situation économique difficile de certaines marques automobiles pourrait encore se creuser dramatiquement avec l'instauration du Brexit dur en 2021. Une situation quasiment inéluctable et aux conséquences imprévisibles pour les constructeurs basés en Angleterre (Bentley, Land Rover Jaguar, MINI, Rolls-Royce), mais aussi et surtout pour les marques faisant leurs choux gras aux Royaume-Uni (entre autres tous les constructeurs européens! ). Ajoutons à cela l'objectif européen en matière d'émission de CO2 de 95 g/km, qui entrera en vigueur dès 2021. On ne sait toujours pas quels constructeurs atteindront ou pas ce seuil. En coulisse, on murmure que seuls certains éviteront les amendes (salées). L'année 2020 aura donc été affreuse pour le secteur automobile, avec de nombreuses victimes et peu de vainqueurs.