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Le rebouteux de Clis, petit hameau de Guérande, s'est éteint et cet événement fit la semaine des médias locaux. Avec 520 réactions, 125 commentaires et 516 partages sur le réseau social Facebook, l'article posthume publié par nos confrères de l' Echo de la presqu'île, fit office d'exutoire. Parmi les réactions, certains de ses clients flattent le défunt de mots sortis de la littérature fantastique. Jenny l'appelle " mon Merlin ", Christine le compare au père Noël et Soise le peint tel un grand guérisseur. Un quidam, répondant au nom de Jeff Vost, le décrit tel " le magicien de Clis ". Affublé d'une grande barbe, il faut bien avouer que Bernard Kerespars, c'est son nom, avait quelque chose d'un chanteur des ZZ Top ou du druide d'Astérix. L'enterrement eut lieu en la Collégiale Saint-Aubin de Guérande où, d'après les propos recueillis auprès du curé de la paroisse, " l'édifice était plein à craquer ". Un des nombreux dons du rebouteux semblait aussi être la mise en scène. Lui qui aimait la chasse affectionnait également les trophées. Ce qui n'était pas sans faire peur à certains. Et Martine Lebreton, sur FB de témoigner : " la peur de sa vie de ma petite fille quand je l'ai amenée conjurer les vers entre le gourou, les Saintes Vierges et les animaux empaillés ! Elle a eu le choc de sa vie.... ". S'il est vrai que la réflexion de Martine sur le réseau social Facebook a obtenu peu de " like ", il faut reconnaître qu'elle a été largement critiquée. Et aussi par des personnes qui attestent du don de " Monsieur Bernard " pour la guérison des chiens et d'autres bêtes. En dehors des animaux " ouverts d'esprit " et qui n'ont, par nature, rien contre la taxidermie, le rebouteux de Clis accueillait surtout des gens. Contactée par nos soins, une des ses clientes témoigne : " J'y ai été suite à du bouche-à-oreille. Mon fils s'était blessé au karaté. Monsieur Bernard n'a rien pu faire concernant sa fracture et m'a envoyée aux urgences ". Et cette dernière de renchérir sur un cas des plus étonnant. A l'âge de 9 ans, sa fille aurait été atteinte de surdité en revenant de l'école. " Je me suis rendue chez un spécialiste qui m'a dit que c'était fichu et que ma fille devrait porter des implants à cause d'un nerf sympathique bloqué. " La maman s'est alors rendue avec sa descendance chez le guérisseur, qui après de longues heures d'attente et des mains imposées sur les oreilles, lui affirma : " attendez mercredi et elle entendra ". Et ce fut le cas. La consultation lui coûta une bouteille de pastis et surtout, " A 31 ans, ma fille en pleure encore, elle lui doit d'avoir retrouvé l'audition ". Sur les réseaux sociaux et d'après les témoignages directs que nous avons pu récolter, nous apprenons que ses clients provenaient non seulement de Clis mais aussi de toute la France. " Des gens venaient même de Lille pour se faire soigner. Certains dormaient devant la maison dans leur camping-car ", nous affirme une ancienne patiente. La raison en était la suivante : le guérisseur n'accueillait que 50 ( ! ) personnes par jour. Sa fille, suivant les sources, distribuait les tickets dès quatre ou six heures du matin. " Un nombre de tickets limités que les gens s'arrachaient dès l'aurore ", nous confirme une voisine. Sur place, l'attente pouvait parfois s'avérer interminable. Et une maman de nous confirmer : " la seule fois où je m'y suis rendue c'était pour mon fils de trois mois qui avait des coliques. Ce jour-là, il était malheureusement en pleine forme ", nous dit-elle. Et de renchérir en nous disant : " j'ai attendu trois heures sur une chaise, j'étais mal assise et lorsque je suis repartie, j'avais mal au dos ". Le célèbre rebouteux aurait découvert chez son fils un problème à la troisième dorsale, ce qui l'avait étonnée à l'époque. Rentrée chez elle, elle se serait souvenue que c'était elle qui souffrait d'une douleur à cet endroit-là de la colonne. " Preuve s'il en est du don du soigneur. "Malgré sa renommée et des temps d'attentes dignes d'une file dans un parc d'attractions, le prix de la consultation se faisait selon les moyens du patient. La preuve d'un libéralisme accessible au plus grand nombre, ce qui permit aux rebouteux de Clis d'exercer durant plus de trente ans et ... de remplir sa cave.