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Les maladies infectieuses que nous venons d'évoquer sont un premier facteur susceptible de faire grimper l'incidence des crises d'épilepsie. Un certain nombre d'infections autrefois inconnues dans nos contrées y font en effet leur apparition avec des vecteurs qui se développent plus facilement à des températures relativement élevées, et certaines s'accompagnent de convulsions au cours de la phase aiguë. C'est notamment le cas du chikungunya, qui provoque des convulsions chez 10 % des patients victimes d'une atteinte multisystémique et dont l'épilepsie est l'une des séquelles chroniques observées après une infection au cours de la période néonatale. L'exposition intra-utérine au virus zika est également une cause d'épilepsie, même chez les enfants sans microcéphalie. Il est difficile de prédire combien de terrain ces maladies vont gagner dans nos contrées, mais une modélisation est parvenue à la conclusion que, si la température globale devait augmenter de 1°C, la transmission du virus chikungunya serait possible durant un à trois mois par an dans le sud-est de l'Angleterre d'ici à 2070-2100.La malaria aussi provoque des convulsions au cours de la phase aiguë et accroît le risque de crise en cas d'épilepsie préexistante. Certains experts pensent que le réchauffement climatique se limitera à étendre son aire de répartition en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est, mais les plus pessimistes craignent que le moustique qui la propage ne vienne s'installer jusqu'en Europe.Au-delà des maladies infectieuses, la pollution atmosphérique aussi peut influencer l'épilepsie. Plusieurs études mentionnent ainsi que des pics de concentration transitoires de certains polluants comme le dioxyde d'azote ou de soufre s'accompagnent d'une augmentation du nombre d'hospitalisations liées à l'épilepsie.L'épilepsie est due à une perturbation des canaux ioniques dans le cerveau, qui présentent dans certaines formes de la maladie une structure anormale due à des mutations géniques. Des modèles expérimentaux ont permis d'établir que le comportement de ces canaux était sensible à la température... ou à tout le moins que des crises épileptiques survenaient sous l'effet d'une augmentation de la température en présence de certains types de canaux anormaux.Il est difficile d'évaluer dans quelle mesure tout ceci est pertinent pour l'homme et son système de thermorégulation efficace, mais quelques expériences concrètes donnent tout de même à penser que le réchauffement pourrait s'avérer problématique pour certains patients. On sait par exemple que les sujets qui souffrent du syndrome de Dravet - une forme rare d'épilepsie - voient leur risque de crise augmenter lorsqu'ils prennent un bain chaud. Les auteurs d'un article de revue publié dans Epilepsia Open rapportent également le cas d'une jeune patiente atteinte de ce syndrome et exempte de crises depuis plus de deux ans, qui a été retrouvée sans vie après être sortie se promener à Melbourne (Australie) au cours d'une des journées les plus chaudes enregistrées depuis de nombreuses années, à une température de 46,5°C. La cause du décès n'est pas connue avec certitude, mais il est fort probable que la canicule lui ait été fatale, potentiellement par le biais d'une crise d'épilepsie. Les parents membres d'un groupe d'entraide britannique pour le syndrome de Dravet rapportent aussi davantage de crises chez leurs enfants au cours des journées chaudes.L'article d' Epilepsia Open souligne également que le stockage des médicaments antiépileptiques est plus difficile dans un environnement extrêmement chaud. Le lorazépam, par exemple, est très sensible aux températures élevées... et des installations frigorifiques efficaces ne sont malheureusement pas disponibles partout dans le monde.