Les négociations entre les trois partenaires déclarés du réseau hospitalier locorégional de Charleroi - l'ISPPC, la CNDG et le GHDC - ont été rompues début décembre. Les hôpitaux ne parvenaient pas à se mettre d'accord sur l'équilibre entre la représentation du public et du privé dans les organes de gestion.
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Rappel des faits. Durant plusieurs mois, entre août et novembre, les trois hôpitaux se sont mis d'accord sur la représentation de chacun au sein du Conseil d'administration : cinq pour l'Intercommunale de santé publique du pays de Charleroi (ISPPC), cinq pour le Grand hôpital de Charleroi (GHDC) et trois pour la Clinique Notre-Dame de Grâce (CNDG), soit cinq pour le public et huit pour le privé. Le 15 novembre, l'ISPPC a fait part de sa décision de revoir les statuts repris par les hôpitaux dans leur lettre d'intention commune. Le GHDC et la CNDG ont refusé de revenir sur ces accords.L'ISPPC réclame la parité dans le CA parce qu'il compte le même nombre de lits (1374) que l'entité GHDC/CNDG (1378) et le même nombre de numéros d'agrément, deux pour le public et deux pour le privé.Dans un courrier adressé aux collaborateurs du GHDC, Gauthier Saelens, explique que ces arguments sont trompeurs. " L'ISPPC a choisi de fonctionner avec deux numéros d'agrément mais ne représente qu'un seul pouvoir organisateur alors que le GHDC, pour des raisons d'efficacité, fonctionne avec un seul numéro d'agrément pour un seul pouvoir organisateur. Il faut rappeler que la notion de lits agréé n'a aucune valeur économique ou fonctionnelle et que l'on parle de lit justifié. Les lits agréés peuvent être vides. "Le directeur général justifie la répartition 60/40 en se basant sur l'étude d'Antares Consulting qui a démontré que le GHDC prend en charge 48% de la population du bassin de soins de Charleroi, l'ISPPC 40% et la CNDG 12%.Pour Sylvie Brichard, administratrice déléguée de la Clinique Notre-Dame de Grâce, l'ISPPC est venu, après des mois de négociations fructueuses, avec des exigences inacceptables sur le poids de chaque hôpital dans le réseau. " Nous ne comprenons pas le revirement de l'ISPPC qui dans ses exigences nie carrément l'existence de la CNDG et défend un clivage public/privé qu'on espérait dépassé. La forme de cette rupture nous met en colère. Durant cinq mois, nous avons eu l'impression que tout se passait et à une quinzaine de jours de l'échéance fixée par le Fédéral, l'intercommunale fait volte-face et met par terre tout ce qui a été négocié. "Dans un courrier envoyé au personnel de l'ISPPC, sa direction défend le partenariat public-privé équitable (50/50) : " le GHDC et la CNDG désiraient imposer un 60/40 qui aurait placé notre intercommunale en position de faiblesse pour chaque décision à prendre pour l'avenir du CHU de Charleroi et de notre personnel. (...) Le risque était donc, à terme, de voir notre CHU dépouillé de ses activités les plus pointues. " Et d'expliquer qu'en raison du refus du GHDC et de la CNDG de poursuivre les discussions et de participer à une réunion sur la collaboration médicale, le CA de l'ISPPC a, le 2 décembre, " dû prendre la décision de ne plus poursuivre les pourparlers avec le GHDC et la CNDG. "Du côté du GHDC et de la CNDG, les directions réaffirment leur volonté de construire un réseau unique sur Charleroi et entendent poursuivre les efforts en ce sens. " Le clivage privé/public nous semble aujourd'hui complètement dépassé ", commente Gauthier Saelens. " Nous voulons poursuivre l'objectif de créer un réseau avec trois hôpitaux. Dans le cas contraire, nous pourrons faire un réseau avec le GHDC avec lequel nous avons déjà de nombreuses collaborations. La loi nous le permet ", explique Sylvie Brichard.L'ISPPC, elle, a décidé d'entamer des discussions avec le Centre de santé des Fagnes. Au 31 décembre, l'hôpital public aura deux solutions : soit il continue son chemin en solo, comme la loi l' autorise, soit il s'allie au Centre de Santé des Fagnes pour former un réseau d'axe Nord-Sud, relié par la Nationale 4.