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On entend souvent que les projets d'e-santé échouent à cause de " la complexité institutionnelle ". C'est pratique. C'est flou. Et ça évite de pointer du doigt ce qui coince vraiment: des personnes, à des postes clés, qui bloquent. Ou en tout cas ne montrent pas la volonté suffisante pour initier le changement. Prenez Vidis, censé devenir le schéma partagé de médication pour tous les prestataires. Lancé en fanfare, financé, soutenu. Résultat? Presque rien. Des années d'allers-retours, d'outils jamais finalisés, d'énergies gaspillées. Pourquoi? Parce qu'à chaque étape, quelqu'un freine. Parce qu'on n'a jamais osé imposer un cap clair, ou déranger ceux qui préfèrent que rien ne bouge. Chacun avance avec son agenda, ses priorités, sa logique. Même chose pour l'accès aux données de soins. Sur le papier, tous les professionnels devraient pouvoir y accéder. Dans la pratique? C'est kafkaïen. Ajoutez à cela les féodalités professionnelles, les réflexes corporatistes: certains veulent garder la main sur un outil, une donnée, une position. Au nom de la qualité des soins, bien sûr. Mais aussi - parfois - au nom d'une forme de pouvoir. La bonne volonté politique est nécessaire. Mais, seule, elle ne suffit pas. Il faut avoir le courage de dépasser les égo, de briser les routines, de nommer les résistances. Et de rappeler que dans "système de santé", le mot le plus important n'est pas "système". C'est "santé".