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Situé dans le beau château de Wewelsburg, au coeur de la patrie de Hermanus le Germain, révéré par les Aryens, et résidence d'été du princeévêque de Paderborn jusqu'en 1802, le KreisMuseum accueille depuis 2010 une exposition permanente consacrée à la présence SS sur le lieu. Car, dès 1933, Himmler, qui après la Nuit des longs couteaux et l'assassinat de Röhm, veut faire de l'endroit, situé aux yeux des nazis au coeur de la germanité, une sorte d'école d'élite des SS, au départ simple garde rapprochée des dignitaires du régime.En réalité, ce ne fut jamais que le lieu de trois réunions d'importance, la plus notable réunissant notamment Heydrich et Daluege, une semaine à peine avant l'opération Barbarossa en 41, réunion au cours de laquelle Himmler annonce qu'il faudra tuer 30 millions de personnes afin de procéder à un remplacement de populations... par des Aryens évidemment.À part quelques recherches régionales et de peu d'importance, le lieu ne fut jamais une véritable école ou centre d'élite, même s'il réunit des officiers de haut rang ; mais dès 39 par contre, il servira de résidence aux SS en charge du camp de concentration situé... à 400 mètres de là.Dans sa première partie, l'expo, qui s'implante sur 800 mètres carrés, décrit l'histoire de la SS, la biographie de ses dirigeants (certains vivront tranquillement jusque dans les années 80 ! ) et des membres stationnés au château, ceci au travers de textes et photographies qui surplombent des tiroirs qui donnent accès à d'autres documents les concernant ou des témoignages de l'idéologie nazie ; elle montre également au travers d'objets, livres et décorations comment Himmler voulait faire des SS un univers à part, symbole de la pureté la plus pure de l'idéologie nazie, réfutant notamment la fête de Noël, lui préférant la célébration du solstice d'hiver selon un rituel germanique ancien.Afin d'éviter toute ambiguïté, les objets, photographies et tableaux sont présentés dans des vitrines blanches, quasi cliniques, neutres et sobres en évitant de magnifier de quelque façon que ce soit la thématique présentée. D'ailleurs, si cette première partie s'intéresse aux nazis, la seconde se focalise sur le camp de concentration qui accueillit 3.900 prisonniers dont 1.200 moururent à Wewelsburg. Certains fusillés par les SS, dans le cas de condamnés à mort déportés ici et au nombre de 65 et de 15 travailleurs forcés ; ils l'étaient tous et travaillaient à l'édification d'un dôme sur l'une des tours du château, dans un style "antiquo-pompeux" bien entendu. Témoignages audio et vidéo des survivants, dont Otto Preuss opposant politique de gauche, parti se réfugier à Anvers et rattrapé par l'occupant, Gerrit Visser un syndicaliste hollandais, quelques Juifs, mais surtout des Russes, Polonais et Ukrainiens : le dernier rescapé est mort à 107 en 2013 et eut le tort d'être un témoin de Jéhova." Le fruit " de leur travail est à découvrir dans la crypte de la fameuse tour ronde et d'angle du château, qui reprenait douze sièges en marbre autour d'un cercle surplombé d'une svastika gravée dans la pierre, dans une disposition qui rappelle la table ronde. Le nombre douze se retrouve d'ailleurs deux étages plus haut, dans la salle d'honneur et toujours ronde au niveau des pilastres et des fenêtres qui la décorent. Au sol est inscrit le fameux soleil noir auquel font références les néonazis du monde entier, et notamment l'assassin de la tuerie de Christchurch au printemps dernier.Le musée reste évidemment attentif à la récupération par " certains " de cette exposition, banni certains symboles distinctifs arborés par les visiteurs, interdit les photos dans la crypte et la salle d'honneur, et conclut d'ailleurs son propos sur la récupération dont est l'objet l'idéologie nazie et SS.Par sa sobriété et son exposé des faits, Idéologie et terreur sous les SS touche à son but, qui est d'éduquer, de comprendre pour justement ne pas accepter.