Le jdM a posé cette question aux présidents des principales associations de médecins et aux chefs des groupes parlementaires francophones 1. Les réponses sont très contrastées et, souvent, sévères.
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"Dehors ! " " Ma réponse tient en six lettres : DEHORS. Depuis des années, la ministre ne collabore pas et ne communique pas ", pointe le Dr Thomas Orban, président de la SSMG et du Collège de médecine générale. " Elle décide tout toute seule, en regardant tout le monde de haut. Elle défend avant tout des intérêts flamands. Elle ne travaille pas pour la Belgique mais pour la Flandre. Je peux le démontrer dans de nombreux dossiers, par exemple l'EBM Practice Net, un plan fait par des Flamands pour des Flamands. Il ne faut dès lors pas s'étonner que les francophones ne l'utilisent pas ! Comment peut-on être aussi aveugle ? Durant cette crise, nous avons besoin de femmes ou d'hommes d'État qui ont une vision fédérale. Le ou la ministre qui la remplacerait au pied levé ne ferait pas moins bien qu'elle. "Pour Paul De Munck, président du GBO , " ce n'est pas en pleine bataille qu'il faut demander la démission de qui que ce soit. Quand bien même nous aurions de bonnes raisons. Ce n'est pas la ministre qui doit démissionner, mais tout le système de santé qui est démissionnaire. Le niveau fédéral n'est pas le seul responsable de cette pagaille. On peut pointer la 6e réforme de l'État, le morcellement des compétences en santé, le manque de structuration des lignes... Par ailleurs, une démission ministérielle servirait à quoi ? En plus, dans le cas d'une démission, les politiciens vont-ils mieux s'entendre pour nommer un nouveau ministre que pour prendre des décisions avec les entités fédérées par rapport à la crise ? J'en doute. "" Maggie De Block a enchaîné les erreurs, a enchaîné les retards dans la prise de décision, n'a pas réussi à organiser une communication structurée avec les ministres de santé régionaux. Cependant, le pire c'est qu'elle n'a jamais écouté le terrain. Elle s'est systématiquement fait dépasser par les initiatives locales. Elle n'anticipe rien, elle subit ", diagnostique le Dr Philippe Devos, président de l'Absym. " Et elle continue malgré cela à ne pas répondre à nos demandes. Le problème lors d'une démission est de trouver la bonne personne pour remplacer le démissionnaire. Si c'est pour tomber de Charybde en Scylla, à quoi bon ? En raison des affaires courantes, son cabinet est déjà réduit à peau de chagrin. Plutôt qu'une démission, nous préférons un changement de méthode avec une écoute du terrain et un renforcement de son équipe pour répondre adéquatement aux demandes. Et nous apprécierions qu'elle commence par reconnaître ses erreurs du passé plutôt que de les nier ou de les reporter sur d'autres comme elle a l'habitude de faire depuis le premier jour de son mandat. Être chef, c'est savoir assumer ses erreurs et celles de ses collaborateurs, sans nécessairement démissionner. La démission, c'est la solution de facilité. " " Si la ministre devait démissionner, je crois que tous les médecins-chefs et directeurs d'hôpitaux le devraient aussi ", estime le Dr Jean-Luc Demeere, président du Groupement belge des spécialistes. " Le 13 mars on a lancé le plan d'urgence des hôpitaux. Combien ont commandé en urgence des masques FFP3 et 2 (N99 ou N 95) ? Combien de pharmaciens ont commandé des curares et des hypnotiques et combien d'anesthésistes et d'intensivistes ont pensé à cela ? Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les compétences sont partagées dans le secteur de la santé. La gestion de la médecine générale et de la médecine hospitalière est communautarisée. On l'a vu dans la problématique des maisons de repos. Les responsabilités politiques sont partagées entre le Fédéral et les entités fédérées. Dans sa communication, elle a essayé de rassurer. Cela ne fonctionne pas. "