Maggie De Block: "tirer les leçons"

L'ancienne ministre De Block prévient: "Afin de tirer les bonnes leçons de cette crise, il faut tout d'abord faire une distinction claire entre des erreurs que nous aurions pu et dû éviter, d'une part, et des décisions qui ont été prises en toute conscience mais qui se sont avérées erronées par la suite." Ne pas pécher par anachronisme est l'enfance de l'art en Histoire. La première leçon est que notre organisation est institutionnellement trop complexe. "Pour vous donner un exemple, de longues discussions ont eu lieu au sein du groupe de gestion des risques concernant les groupes cibles prioritaires pour les équipements de protection. Ces mêmes discussions ont eu lieu au sein de la Conférence interministérielle santé publique. En pleine crise, des heures et des heures ont été perdues pour tenter d'accorder les violons interfédéraux: de mars à août 2020, j'ai participé à 27 (! ) réunions du CGI et à 20 (! ) comités de consultation." Maggie De Block constate également l'absence de hiérarchie avec un gouvernement fédéral qui n'a pas préséance sur les entités fédérées et une organisation avec huit ministres de la santé qui rend presque impossible la prise de décision rapide. Deuxièmement, la Belgique ne dispose pas d'un corpus législatif de gestion de crise, a fortiori face à une crise mondiale de longue durée. "Nous avons de bonnes structures et de bonnes lois qui nous aident en temps normal. Mais elles sont presque entièrement conçues pour des crises à court terme, où tout est axé sur un retour à la normale aussi rapide que possible. Or, sur le temps long, il faut tenir compte d'une situation totalement différente, par exemple dans le domaine de la psychologie comportementale et de la communication de crise.""Une troisième leçon que j'ai apprise est que le gouvernement n'a pas suffisamment développé une culture de gestion de crise", pointe De Block. "Exemple avec le traçage. Il a fallu un mois pour mettre en place un groupe de dépistage et de traçage au sein du service de santé publique de la CIM." Le comité interfédéral pour les essais et le traçage a été créé officiellement seulement le 21 avril. La Belgique n'a commencé les tests et le traçage qu'au mois de mai...