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Filmé, tout au long de leur vie, quatre enfants de rue du Burundi que le réalisateur Philippe de Pierpont a croisé, par hasard dans les rues de Bujumbura en 1991. Il l'est refilme en 94, puis dix ans plus tard, et les scrutent encore en 2018. L'un d'eux, Philibert est décédé, battu à mort pour avoir volé quelques poissons; les autres vivent ou font semblant dans un Etat devenu plus policé, plus policier aussi.Ils ont survécu à la guerre civile (de 93 à 95, souvent occultée par le génocide rwandais) aux massacres qui se sont poursuivis, ont connu l'amour, les enfants, les drames, et toujours, irrémédiablement, ils sont revenus à la rue.Le temps court - comme eux pour trouver du boulot, échapper aux contrôles à la guerre -, roule inexorablement comme ce pneu sur lequel l'un deux, alors jeune adulte, est perché. Leurs rêves se sont envolés, leurs sourires d'enfants aussi, leurs vies se sont asséchées, comme se sont asséchées les eaux du Tanganika.D'un air grave désormais, ils avouent être devenus invisibles, des ombres, des déchets que les autorités voudraient voire enfouis...En confiance et en amitié avec le réalisateur, Etu, Assouma, et Innocent se confient sans détour à sa caméra, laquelle les rend beaux et leur rend en même temps leur dignité.Et malgré une mise en scène parfois inutile (une soirée de réveillon au Burundi Palace), on ne peut que louer cette entreprise cinématographique dont on ne connaît pas encore la fin même si on la devine, et dont le propos s'efface pour faire la part belle aux " sujets ".